L’examen de passage (plutôt) réussi d’Eva Joly face aux journalistes nature et environnement

Invitée le 7 janvier 2012 d’un petit déjeuner organisé par l’Association des journalistes de l’environnement (AJE) et l’Association des journalistes et écrivains pour la nature et l’écologie (JNE), Eva Joly, candidate d’Europe-Ecologie-les Verts (EELV) à l’élection présidentielle, a réussi un quasi sans-faute.

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par Laurent Samuel

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Eva Joly entre Carine Mayo (présidente des JNE) et Valéry Laramée (président de l'AJE) au petit déjeuner du 7 février 2012 - photo Bernard Desjeux
Eva Joly entre Carine Mayo (présidente des JNE) et Valéry Laramée (président de l'AJE) au petit déjeuner du 7 février 2012 - photo Bernard Desjeu

De son propre aveu, Eva Joly n’est pas une spécialiste de l’environnement. Mais, à l’évidence, elle a bûché ses dossiers. D’entrée de jeu, elle évoque ses rencontres en régions avec des agriculteurs ou des ouvriers en lutte, qui la rassurent sur un point : le programme d’EELV est « approprié ». « Le terrain correspond à la carte », dit-elle… joliment. Interrogée sur l’accord EELV-PS, Eva Joly répond : « si l’on veut que les sujets d’écologie soient traités pendant la mandature (sous-entendu de François Hollande), il faut voter pour moi. »

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Eva Joly indique ensuite que la santé (avec le rôle des pollutions dans les maladies) et le logement (avec le développement de l’efficacité énergétique afin de réduire le CO2 et de créer des emplois) constituent des priorités de sa campagne.

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En matière de santé environnementale, elle insiste sur la transparence, l’indépendance des experts, la nécessité d’« associer les associations aux décisions ».

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Pour Eva Joly, le Grenelle de l’environnement a représenté une « avancée ». « Si toutes ses décisions étaient appliquées, le monde se porterait mieux. » La candidate propose « un moratoire sur les grands travaux, comme les lignes de train à grande vitesse (LGV), et l’artificialisation du territoire. Le grand hamster est plus important que l’autoroute !». En particulier, elle propose de rendre « opposables » (aux décisions d’urbanisme) les « trames vertes et bleues » instituées par le Grenelle. Eva Joly en appelle aussi à une « grande loi d’urgence écologique » axée sur la « transition énergétique », ainsi qu’à l’application par la France des directives européennes sur la chasse, l’eau ou les sols.

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Pour la candidate EELV, il faut également revenir sur la réforme des collectivités territoriales et aller « vers un Etat fédéral avec de vraies régions ».

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Dans le domaine de la fiscalité, après avoir dit que « le programme est sur son site », Eva Joly en expose les grandes lignes. Elle préconise la suppression des mesures qui favorisent la pollution. La députée européenne EELV Sandrine Bélier, présente elle aussi au petit déjeuner, glisse malicieusement que François Hollande a demandé un audit sur ce sujet, alors que Guillaume Sainteny vient de réaliser pour le CAS (Conseil d’analyse stratégique) un rapport très complet sur les aides publiques dommageables à la biodiversité… Eva Joly se prononce aussi pour une taxe sur les combustibles fossiles et le nucléaire, dont une partie serait reversée aux plus défavorisés sous forme de « chèques verts » afin de développer la réhabilitation écologique de leurs logements.

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En ce qui concerne le sommet Rio+20, Eva Joly approuve le projet d’une « agence » mondiale de l’environnement. Sandrine Bélier ajoute qu’EELV est favorable à la transformation du Conseil économique et social de l’ONU en un Conseil économique, social et environnemental. Celui-ci pourrait s’inspirer du CES français, dont les somptueux locaux place d’Iéna accueillaient justement la semaine dernière une conférence sur la gouvernance environnementale organisée par NKM, la ministre de l’Ecologie (téléchargez ici la lettre Options Futurs N° 8 qui comprend un dossier complet sur cette conférence).

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On regrettera cependant qu’Eva Joly, soucieuse sans doute de donner des réponses rapides aux questions posées, soit peu rentrée dans le détail de ses propositions.

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Le petit déjeuner AJE/JNE avec Eva Joly du 7 février 2012 - photo Bernard Desjeux

 

Interrogée à plusieurs reprises sur le fait que sa campagne ne « décolle » pas, Eva Joly invoque la « complexité » de son projet, difficile selon elle à faire passer. Et sa possible responsabilité personnelle dans cette situation ? « Ce n’est pas à moi de le dire », répond-elle.

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En conclusion, la candidate affirme que le programme d’EELV et les jeunes bénévoles qui l’entourent sont deux « trésors », et qu’elle entend faire un atout du fait qu’elle est « jeune en politique ».

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En tout cas, les journalistes spécialisés ont eu en face d’eux une femme jeune d’esprit, sérieuse et courageuse, dont l’opiniâtreté, quels que soient les jugements que l’on peut porter sur sa candidature et sa campagne, force le respect !

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