« Poumon vert et tapis rouge » : un film sur la possibilité de faire un film sur la forêt

Les JNE ont organisé le 19 janvier une conférence de presse « virtuelle » avec Luc Marescot, réalisateur de Poumon vert et tapis rouge. La sortie de ce film – prévue le 20 janvier – a été reportée en raison de la situation sanitaire. Une journaliste des JNE nous livre sa vision de ce long-métrage.

par Marie Joséphine Grojean *

Poumon vert et tapis rouge n’est pas un film sur la forêt tout en ne parlant que d’elle ; c’est surtout un film sur comment on arrive – ou pas – à faire un film pour toucher le grand public sur les dangers qui menacent les forêts primordiales en train d’être dévastées.

J’ai regardé le film jusqu’au bout. Je n’ai pas eu envie d’arrêter le visionnage  : même si la double piste du propos indiquée dans un titre maladroit perturbe énormément : on se demande de quoi il s’agit.  Où veut-on en venir ? Où sont les forêts ? Où est le désespoir des habitants voués à la disparition puisque meurt leur habitat indissociable d’eux-mêmes ? On se demande : qu’est-ce que c’est que ce titre ?  Mais comme on est obstinée, et qu’on veut savoir, car on aime les forêts, cette maladresse d’intitulé, ces deux pistes entremêlées finissent par tenir habilement en haleine. Et on finit par comprendre : il s’agit de faire un film grand public sur les dangers qui menacent les grandes forêts de la planète,  et en même temps d’exposer le mode d’emploi de la fabrication d’un tel film dans toutes les phases de sa réalisation. Ou comment arriver à faire un thriller écologique hors des normes ressassées du documentaire qui montre, mais qui trop souvent ne touche pas les spectateurs.

Ce n’est absolument pas linéaire, et le mélange des deux récits entrecroisés finit même par servir l’un et l’autre. Sauf que pour moi il n’y a pas assez de forêts. Mais cette rareté même sert assez bien le propos car la frustration qu’on en ressent donne de la valeur aux images (vues trop souvent) des singes, des éléphants, des pistes de latérite, de la canopée, du monde d’en haut de la forêt.

C’est donc un film  side-effect ; mais c’est aussi un film fantôme car il ne se fera pas. Pourtant, le réalisateur – un beau gosse sympathique avec des copains également beaux gosses sympathiques (pas de femme sauf une à la fin) – ne cesse de s’activer pour savoir comment il va le faire, ce film sur la forêt. Et cette démarche bien documentée et trés pédagogique finit par occuper tout l’espace ; mais elle fascine. Même si la forêt qui au départ était le personnage principal en danger de mort, par cette complexe balade dans les arcanes de la fabrication d’un premier film, en devient le personnage secondaire.

Mais ce qui remet la juste perspective, c’est la présence de ce merveilleux botaniste, modeste, et amoureux des arbres dont l’apparition sur l’écran est à chaque fois une respiration d’espoir et d’intelligence. Il s’appelle Francis Hallé. A lui seul, il donne envie d’embrasser tous les arbres comme des frères et de les protéger comme ses enfants.

* Journaliste pour la Nature et l’Écologie. membre de l’Académie de l’Eau

Ci-dessous, la bande annonce du film

http://youtu.be/Om8Z52o-utY

Durée : 1 h 35.
Distribué par Destiny Films.
Matériel sur : http://www.destinydistribution.com/distribution/poumon-vert-et-tapis-rouge/

Contact presse : delphineolivier.presse@gmail.com