Ruches refuges par Céline Locqueville

Accueillir les abeilles mellifères dans son jardin sans les exploiter, tel est l’objectif de Céline Locqueville. Très érudite, elle nous conte l’histoire des abeilles mellifères, comment elles sont venues d’Afrique jusqu’à chez nous par les classiques routes migratoires, détroit de Gibraltar ou Moyen Orient puis comment elles se sont adaptées aux diverses conditions, climat, flore, prédateurs, maladies donnant naissance à une vingtaine de races. En France, notre abeille est l’abeille noire – Apis melifera mellifera.

L’homme a toujours été cueilleur de miel et puis, il est devenu apiculteur. Les premières représentations de ruchers en Égypte remontent à 2400 ans av JC. et le plus ancien rucher découvert par les archéologues en Israël date de 900 ans av. JC. Au Moyen Âge, les monastères se multipliant, les ruchers sont devenus très importants non pour la production de miel mais de la cire nécessaire à la fabrication des cierges. On apprend avec horreur que jusqu’à l’invention de la ruche à cadre au XIXème siècle, pour récupérer le miel, on tuait la colonie avec de la fumée de soufre ! Les essaims naturels permettaient de remplacer les essaims sacrifiés. Mais avec l’apiculture industrielle née au XXème siècle, de nombreuses dérives dénoncées par l’auteur sont apparues.

De fait, l’abeille mellifère sait très bien se débrouiller sans nous. Elle vit alors au creux des vieux arbres dans un environnement forestier mais comme ceux ci ont tendance à disparaître, elles peuvent aussi s’installer dans un trou de bâtiments ou même derrière les volets clos d’une maison fermée. Pour Céline Locqueville, les laisser en paix, vivre leur vie, pourrait bien être la solution pour les sauver. Elle en fait l’expérience chez elle. Si l’endroit plait aux abeilles, elles viennent s’installer spontanément. C’est pourquoi, la deuxième partie de l’ouvrage propose toutes sortes de ruches qui ont en commun d’être vides au départ. Ce sont les abeilles qui vont aménager leur lieu de vie elles-mêmes et construire leurs rayons en cire, rien à voir avec ceux, en plastique parfois, que leur propose l’homme pour pouvoir récolter le miel plus facilement. En échange du gîte, elles polliniseront les arbres fruitiers et les légumes qui en ont besoin. Mais elles garderont leur miel dont elles ont besoin pour passer l’hiver et être en bonne santé. L’auteur pense d’ailleurs que nous devrions en consommer très peu et essentiellement pour ses vertus thérapeutiques. La préface est de Jacqueline Freeman, autrice du livre Le chant des abeilles paru chez Mama Éditions, un autre merveilleux livre qui prône aussi un total respect pour ces petits insectes.


Éditions Ulmer, 160 pages, 19,90 € – www.editions-ulmer.fr
Contact presse : Lise Jacob. Tél.: 01 48 05 03 03 – lise@editions-ulmer.fr
(Danièle Boone)