Que demande le peuple ? par Pierre Serna

A l’heure où l’on parle de plus en plus de démocratie participative, de démocratie environnementale, de conventions, etc. ce livre, brillant, est riche d’enseignements. Le premier et le troisième dimanche de mars 1789, sur ordre du roi Louis XVI, 27 millions de Français ont eu le droit d’exprimer leurs doléances : 60 000 cahiers ont été ainsi rédigés à travers la France. Ils sont exploités, sans recours à notre technologie, en quelques semaines et le Roi en a eu une synthèse fidèle.

Publiés pour la première fois en fac-similés, ces inédits vibrent de l’espoir d’un monde nouveau. Les extraits choisis aux cinq coins de l’hexagone incarnent la France des villages et des campagnes mais aussi des grandes villes. Organisées par thèmes et commentées par Pierre Serna, historien de la Révolution française, les doléances de nos ancêtres résonnent d’un écho singulièrement proche : la dénonciation de taxes et impôts abusifs, la réclamation d’une même justice pour tous, du mariage des prêtres, de l’encadrement des loyers… Des revendications d’une étonnante contemporanéité ! de nombreux dessins et caricatures d’époque illustrent l’exaspération d’une société au bord de l’explosion.

Tout un chapitre est consacré à « la lutte de chasse », qui était bien l’illustration d’une lutte des classes : signe de distinction sociale par excellence, la chasse était la marque de domination sur les animaux (cela n’a pas changé), mais aussi gage de puissance sur les hommes (pas davantage non plus, à l’égard des non-chasseurs). Outre, cette accession à cette « liberté », les doléances portaient sur le pouvoir de « traquer le grand gibier et les bêtes fauves, pour éviter les ravages considérables qu’elles occasionnent aux environs des forêts des grands seigneurs ». C’était donc avant tout pour protéger ses récoltes et préserver sa famille… Un livre saisissant pour la compréhension…de notre temps.


Éditions Textuel, 2019, 192 pages, 39 € – www.editionstextuel.com
Contact presse : Anne Vaudoyer. Tél.: 06 63 04 00 62 – anne.vaudoyer@gmail.com
(Gabriel Ullmann)