La région angevine au coeur de la recherche horticole internationale

Le récent symposium international GreenSys 2019 a mis en lumière le rôle dynamique de la région angevine dans la recherche en horticulture.

par Pierre-Emmanuel Bournet *

Angers possède une longue tradition en horticulture qui a démarré au XVe siècle sous le règne du roi René (1), . Aujourd’hui l’Anjou constitue le premier bassin horticole de France  avec plus de 4 000 entreprises et 30 000 emplois. GreenSys 2019 (2) a permis de réunir des chercheurs, des techniciens et des professionnels du végétal spécialisé pour présenter leurs innovations et recherches dans les domaines de l’horticulture sous abris (serres et usines à légumes).

Les participants ont partagé idées et connaissances et discuté des perspectives récentes et futures dans le secteur des cultures protégées. Environ 600 congressistes étaient réunis, dont 400 scientifiques et 200 professionnels de 40 pays. Des sessions scientifiques ont été organisées, s’articulant autour de 12 thématiques. L’édition 2019  a révélé l’intérêt croissant pour les usines à légumes (3 sessions) et les technologies d’éclairage (4 sessions). GreenSys 2019 a aussi inauguré une nouvelle session sur la production biologique sous serre (3). Une session technique dédiée aux professionnels a été également été organisée. Elle comportait 11 présentations de synthèse par des scientifiques et 2 par des représentants de sociétés.

Dans le contexte du réchauffement climatique, le symposium a révélé que les serres en plastique restent d’un grand intérêt pour la production alimentaire mondiale. Ces systèmes de production sous abri sont adaptés pour accueillir des équipements spécifiques (écrans anti-insectes, anti-grêle ou thermiques). Les performances des matériaux de couverture et des verres diffusants en particulier ont été présentées et discutées. Les serres photovoltaïques ont également été abordées lors du symposium. Les dernières avancées concernant l’utilisation des technologies LED dans les serres ont aussi été présentées. Elles ont révélé que les études des effets du spectre lumineux sur le développement des plantes doivent encore être analysées, afin de consolider les résultats.

Les serres semi-fermées de haute technologie (déjà utilisées dans la production de légumes) pourraient être étendues aux productions ornementales car leurs performances sont prometteuses. Dans de telles serres, les plantes sont au cœur du processus de gestion et les conditions climatiques sont optimisées pour répondre à leurs besoins. La modélisation se révèle être un bon outil pour anticiper le comportement climatique et améliorer la conception des systèmes de production.

La robotique a également été largement abordée au symposium : des outils mécaniques automatiques connectés à un logiciel d’IA peuvent être utilisés pour répondre à de nombreux besoins, allant du phénotypage (4) de jeunes plantes aux étapes de production puis de récolte. Des systèmes de détection de l’état sanitaire des plantes ont aussi été présentés. Dans ce registre, les micro-drones pourraient devenir un outil de lutte contre les ravageurs des cultures.

Au total, 127 communications orales et 215 affiches ont été présentées. Une centaine de doctorants ont assisté au symposium. Les prix ISHS Jeune chercheur ont été remis à Malleshaiah Sharath (Université de Wageningen, Pays-Bas), pour sa présentation orale intitulée L’infrarouge limite la floraison du chrysanthème au cours d’une longue journée s’achevant par un éclairage dans le bleu et à Pierre-Paul Dion (Université de Laval, Canada) pour son poster intitulé Absorption d’azote organique par les plantes de concombre cultivées dans des serres biologiques.

Deux ateliers thématiques ont été organisés : le premier par le groupe de travail sur les Cultures de serre du réseau d’instituts de recherche sur les légumes européens (EUVRIN) et le second sur la modélisation du climat sous serre par des approches de mécanique des fluides numérique (CFD Computational Fluid Dynamics)

Deux cents participants ont assisté aux visites techniques de la SCEA Cheminant (production de concombres et de tomates), du centre de recherche du CTIFL en région nantaise, du fabricant de serres Richel et de l’entreprise Maison Barrault (production de plantes ornementales en région angevine).

(1) Le bon roi René, né à Angers, a fait aménager des jardins fleuris agrémentés de paons, et des enclos pour accueillir des biches. Il a également prêté attention aux forêts et aux vignobles et encouragé le développement de techniques de production de plantes ornementales, de légumes, de fruits et de vignes.

(2) Le symposium international GreenSys2019 (Symposium International sur la Gestion et les Technologies Avancées pour les Serres Innovantes), qui s’est tenu du 16 au 20 juin 2019 au Centre de Congrès d’Angers, avait pour objectif de développer les échanges scientifiques et techniques dans les différents domaines de la culture sous abri, et de promouvoir la filière française de la production maraîchère et horticole sous serre. Une trentaine de partenaires, y compris des sponsors privés et collectivités locales, ont soutenu financièrement le symposium. Le prochain congrès GreenSys 2021 (Symposium international sur les nouvelles technologies pour des systèmes de serres durables) aura lieu du 24 au 28 octobre 2021, à Cancún (Mexique). Il sera organisé par les Drs Irineo Lopez Cruz et Efrén Fitz-Rodríguez de l’Université de Chapingo.

(3) En France, pour avoir le label biologique sous serre, il est nécessaire au moins de travailler en pleine terre et sans chauffage.

(4) Phénotypage : élaboration du phénotype, c’est-à-dire l’ensemble des caractères apparents d’un individu.

Pour en savoir plus
Bournet P.E. (2019) GreenSys2019 – International Symposium on Advanced Technologies and Management for Innovative Greenhouses, ChronicaHorticulturae, 59(3):38-39.

* Pierre-Emmanuel Bournet est professeur en physique des transferts et directeur de l’unité de recherche EPHor (Unité propre Environnement physique de la plante horticole) à l’AgroCampus Ouest (2 rue Le Nôtre, 49045 Angers). Cet article a été publié en anglais sur le site de l’ISHS (International Society for Horticultural Science). Traduction : Hervé Jane