Comment les écologues sont-ils affectés par la notion de services écosystémiques ?

La Société Française d’Écologie et d’Évolution (SFE2) vous propose ce regard de Lucas Brunet,  chercheur en sociologie à l’Université de Tampere (Finlande) :

Comment les écologues sont-ils affectés par une notion scientifique ?
Un compte-rendu émotionnel de la notion de services écosystémiques

par Lucas Brunet

Article édité et mis en ligne par Anne Teyssèdre (SFE2, JNE)

 

Quelques ‘services écologiques’ rendus par la forêt. Les tenants du concept soulignent qu’arbres et forêts stockent du carbone (freinant ainsi le changement climatique mondial, lié à l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre), modèrent par leur évapotranspiration les variations du climat local, recyclent et purifient les eaux de surface, freinent l’érosion des terres, abritent et nourrissent insectes, champignons, oiseaux et mammifères (parmi d’autres organismes), peuvent fournir du bois et d’autres ressources matérielles aux humains, contribuent à leur bien-être et à leur créativité… (Cliché A. Teyssèdre)

Remontant jusqu’à Platon et réaffirmée par Descartes, la séparation des émotions et de la raison s’inscrit dans une longue tradition philosophique qui façonne notre compréhension de la science. Considérées comme irrationnelles, intuitives, impulsives et subjectives, les émotions seraient incompatibles avec une pratique scientifique supposée logique, objective et impersonnelle. Pourtant, l’engagement des écologues dans la protection de la nature contraste avec l’image du scientifique froid et dépassionné. À la lumière de leur amour de la nature ou de leur désespoir face aux dégradations environnementales, on ne peut pas sérieusement considérer que les écologues ne sont pas affectés par leurs recherches.

Des auteures féministes démontrent que l’opposition entre émotion et raison constitue une stratégie pour marginaliser certaines formes de savoir, en particulier celui de groupes dominés comme c’est le cas des femmes[1]. Elles invitent à documenter l’entremêlement entre raison et émotion, et la manière dont les deux fonctionnent conjointement. Cette position a aussi été soutenue par le neurobiologiste Antonio Damasio (1994), qui a montré l’interdépendance entre les circuits neuronaux mobilisés par les émotions et par la raison.

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