Sauver l’homme et la nature par Jean-Marie Pelt

peltOn ne présente plus Jean-Marie Pelt qui, malheureusement nous a  quitté à la fin de l’année 2015. Botaniste, pharmacologue, écologiste avant l’heure, son dernier ouvrage se présente comme « son livre testament ». Écrit avec la collaboration de Franck Steffan, « Sauver l’homme et la nature » rassemble tous les thèmes chers à l’auteur.

Articulé en trois parties (la biodiversité en danger ; l’effondrement des écosystèmes ; des raisons d’espérer), et contenant au total onze chapitres (protéger la nature vivante, sauver la biodiversité ; l’émergence de l’écologie ; combien d’espèces sur la planète ?; plantes et animaux disparaissent ; l’épuisement des océans et des mers ; vents mauvais sur les forêts ; les envahisseuses ; et, de surcroît, le réchauffement climatique !; les scénarios catastrophes ; les écosystèmes rebondissent : redondance et résilience ?; protéger le monde vivant), l’ouvrage se lit aisément. Mais cette facilité de lecture, due à la grande qualité d’écriture de l’auteur, n’épargne pas le lecteur quant au constat de la triste situation de l’homme et de la nature.

Le prologue construit autour de la fable du papillon et de la fourmi donne le ton, entrant ainsi de plain-pied dans le cœur de l’ouvrage : interaction, intrication de l’homme avec la nature, chacun vivant avec et par l’autre, les menaces et les risques, mais l’espoir et l’espérance malgré tout.

Dans ce formidable ouvrage de Jean-Marie Pelt, tout est à garder, à retenir précieusement, à savourer, penser, et ruminer… Mettre en avant tel ou tel extrait serait une injustice pour tous les autres. Soulignons toutefois ces quelques lignes : « Il est 20 heures. La grand-messe télévisuelle s’ouvre sur une « alerte enlèvement » lancée quelques instants plus tôt (…) Peu de chance en vérité qu’une même sollicitude s’exerce au profit de telle ou telle espèce animale ou végétale en voie de disparition, voire éteinte (…) Pour vous, chers animaux et végétaux à jamais disparus, aucune sonnerie aux morts, aucune oraison funèbre, aucune commémoration ! Vous vous êtes discrètement éclipsés du grand banquet de la vie, mais qui s’en préoccupe ? Seuls quelques zoologistes ou quelques botanistes constateront le décès, mais leurs voix ne sont pas audibles. »

Avec en conclusion, « Envahi par l’évolution foudroyante des technologies, l’homme admire, béat, ses propres œuvres. Or la nature nous est donnée comme un bien venu d’ailleurs. Elle existait avant nous et elle nous survivra si nous devions nous éradiquer nous-mêmes, victimes de nos errements dévastateurs (…) Parlant de la nature, le pape François y voit notre maison commune, une expression qui appartient aussi à Mikhaïl Gorbatchev, brusquement éveillé à l’essentiel après l’effondrement de l’Union soviétique (…) Comprendrons-nous enfin que la protection de la nature et de l’environnement est la grande affaire de l’humanité si elle veut survivre ? (…) Un autre monde est possible, il se situe à la croisée des chemins entre les savoirs ancestraux et la recherche actuelle. L’heure est à la réconciliation avec la nature, nous œuvrons à ce que cette réconciliation advienne vite. Car déjà les ténèbres menacent, la lumière décline. Mais demain est un autre jour. »

Merci Jean-Marie Pelt pour ce beau cadeau, ce magnifique livre, à lire absolument.


Éditions Fayard, 234 pages, 17 € – www.fayard.fr
Contact presse : Marie-Laure Defretin. Tél.: 01 45 49 79 77 – mldefretin@editions-fayard.fr
(Marie-Hélène Léon)