Du souffle dans les mots – 30 écrivains s’engagent pour le climat sous la direction de Éliane Patriarca

EcrivainsAinsi parlent librement les écrivains en un « parlement sensible »… La Maison des écrivains et de la littérature, originale dans son audace, a sollicité 30 écrivains (dont 13 écrivaines) pour préparer un « discours » clamant l’urgence d’agir en faveur du climat. Ces 30 mousquetaires de la plume ou du clavier sont en fait…31. L’objectif premier de le lire devant l’Assemblée nationale (en soutien à la COP 21) a été écarté pour cause d’état d’urgence. Il demeure ces mots troublants et troublés, porteurs de leur conscience, leur colère, leur désespoir et parfois leur ironie. Ils/elles ont surtout dénoncé, parfois réinventé une planète autre. Leurs phrases ont impulsé une cohérence à la grande incohérence climatique. Cette démocratie climatique par le stylo, née de la même volonté d’esprits si divers, esquisse et reconstruit une mosaïque humaine.

Le titre du « discours » l’oriente sans le représenter totalement. L’évidence première évoque le climat dans ses diverses acceptions au pluriel (M. Deguy, Climats), en se l’appropriant au singulier (J. Gamblin, Mon climat), en jugeant (O. Rosenthal, Le climat n’est pas bon), en comparant (G. Lapouge, Le climat, dernier fauve en liberté) ou en renommant dans la lignée Mad Max (S. Doppelt, Climax). Nombre d’écrivains y ont inscrit les animaux, suggérant une fraternité secrète. Ils sont introduits selon l’espèce (P. Bergougnioux, L’approche des cigales; B. Chambaz, Les cigales et les harengs), selon leur statut actuel d’êtres sensibles (M. Surya, De la sensibilité des bêtes; A. de Baecque, Sensible à l’état sauvage), parfois très proches de l’homme (0. Rohe, Mémoire des animaux) ou simplement …hommes (P. Claudel, Vivant immédiat). D’autres titres renvoient à la modernité technologique symbolique (I. Jarry, Reboot*; Erri de Luca, Une haute définition). Certains auteurs muent l’événement en symbole (C. Wajsbrot, Adieu à l’hiver ; C. Martinez, Après vous le déluge !; B. Sansal, Chaos primitif ; E. Pagano, La maîtrise néolithique; M. Desbiolles, Le barrage ; F. Emmanuel, Cet étrange aveuglement). Une seule écrivaine emploie le Je (N. Caligaris, Je ne parlerai pas du ciel).  Des titres-phrases sont un tantinet moraux (G. Brisac, Nous savons si bien faire comme si de rien n’était; H. Le Tellier, Ne peut pas être ce qui ne doit pas être; C. Sagot-Duvauroux, Nous sommes à l’aube de l’humanité. Tiendrons-nous jusqu’à l’aurore ?). Deux titres glissent un verbe à l’infinitif pour transformer le présent (S. Granotier, Faire plier la ligne droite; Koffi Kwahulé, Remettre les bœufs avant la charrue). Quelques uns renvoient enfin à la forme du texte (A. Bertina, Art poétique ; E. Chevillard, Rapport parlementaire ; A. Desarthe, Conversations sur le temps ; F. Boyer, De son extinction – discours d’adieu ; M. Butel, Épilogue) adressé à ses descendants (M. Desplechin, Aux enfants).

Certes nul ne prétend faire une sociologie réduite à quelques mots ouvrant sur d’autres classements possibles. Cependant la variété des approches augure de la richesse du débat. Elle invite à se plonger dans les cœurs épistolaires de nos créateurs car… ces mille climats révèlent un certain climat.

*Instruction pour relancer un système.


Édition Arthaud,  324 pages, 15,50€ – www.arthaud.fr
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(Jane Hervé)