Hommage à Thierry Maous

Thierry Maous, qui fut longtemps membre des JNE, a mis fin à ses jours le 15 septembre 2013.

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par Ben Cramer

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Thierry Maous – photo Fabienne Mercier

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Si Thierry se méfiait de l’écrit, de l’écriture, tous les livres, revues et magazines qui traitaient d’un sujet allant de la nature au développement durable ne sauraient lui échapper. Oui, il se méfiait des mots, couchés sur le papier. Surtout des siens.

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Pour pallier ce manque, « une tare de la jeunesse », disait-il, il s’est lancé dans Écothèque, une médiathèque du développement durable sur internet. Un travail fastidieux, bourré de fiches. Il s’est plié en quatre pour nourrir et alimenter ce site, quitte à s’adjoindre les services de stagiaires ou de proches.

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La nature et l’écologie, pour lui, ce n’étaient pas des concepts. Il donnait l’impression d’ailleurs plus enclin à converser avec un âne, un cheval qu’avec un humain. Si le développement durable avait un sens, fallait penser à le défendre, le propager de façon pédagogique. Assez cohérent : Thierry se pensait d’abord comme un homme de la comm’. C’est d’ailleurs à Greenpeace qu’il fait ses premiers armes et développe un vrai service de prod. audiovisuelle pour cette ONG qui a du mal à faire passer son message dans les années 80, une époque durant laquelle le ‘peace’ fut aussi important que le ‘green’.

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Dans les années 90, il estime qu’une publication consacrée à l’environnement et au développement durable dans le domaine de l’audiovisuel fait défaut en France. Il se lance alors dans Les Cahiers du futur. Une ambition, un peu mégalo et qui donnera naissance à Ecofilm. Avec Ecofilm, Thierry qui n’a pas réussi à se maintenir aux commandes du Festival international du film d’environnement (FIFE) en Ile-de-France, reprend l’idée d’un festival itinérant du film du développement durable. Lille sera le premier terrain d’essai. Puis, Thierry élabore un kit à destination de toutes les communes, que ce soit en métropole et en outre-mer. Dans la foulée, il enfile le costume d’animateur (qui lui convient) en invitant les écoliers à être partie prenante des activités culturelles du festival.

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Thierry Maous – photo Amélie Maous

A force de fréquenter le milieu de l’image et des caméras, de se rendre à Fespaco et à d’autres happenings du genre, de côtoyer régulièrement les mordus de documentaires comme au Festival de Lussas ou de Ménigoute, Thierry a été tenté de prendre la caméra. A son tour. En tant que réalisateur, il a travaillé sur divers projets dont La banalité du bien. Ce documentaire retrace, témoignages à l’appui, l’histoire de la résistance non violente, sur le plateau du Haut-Lignon, de la Réforme à nos jours. Pourquoi tant d’intérêt pour le Chambon ? La réponse est simple et limpide : c’était un peu son histoire, le déclic de son adolescence, le résumé de sa vie de protestant.

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Si Thierry Maous pouvait échafauder de nombreux projets, en lien avec l’écologie, l’aide aux plus démunis, et la non-violence, c’est surtout parce que ces valeurs lui avaient été inculquées à l’âge ado, par l’intermédiaire du Collège Cévenol au Chambon-sur-Lignon. Un collège qui n’a pas été étranger au parcours de son père, Claude (Maous). Dès l’âge de 16 ans, c’est lui qui organise le passage clandestin des Pyrénées vers l’Espagne au bénéfice de la Résistance. Dénoncé et arrêté par Vichy, il fut libéré par les résistants. D’ailleurs, Thierry a aussi fait ses classes au Chambon (c’est là que j’ai croisé ce solitaire qui appréciait davantage les livres de philo que les potes). Une fois adulte, il s’est mis dans la tête que cet établissement d’un troisième type, où les textes de Martin Luther King et Gandhi étaient enseignés, se devait d’être à la hauteur de sa réputation d’antan.

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Thierry Maous – photo Amélie Maous

Depuis 2009, Thierry était administrateur de l’Association des Anciens du Collège Cévenol. Au sein du conseil d’administration du Collège (Cévenol), Thierry savait se faire écouter : il faisait partie des Anciens. Il avait aussi une vision de l’avenir de cet établissement. Lorsqu’il a été question de « refondation », depuis 2013, Thierry s’est impliqué à fond. A la fois dans le fund-raising, pour ranimer une école en sursis, à moitié normalisée, et dans le projet pédagogique. Pour lui, le Collège devait ou devrait être capable de transmettre un enseignement au développement durable ; avec les mêmes convictions et le même talent que dans le passé, à l’époque où le Collège pratiquait avec panache la pédagogie de la paix et de la non-violence.

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Thierry a mis fin à ses jours le 15 septembre 2013.

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Ben Cramer anime le site Athena 21.

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1 réflexion au sujet de « Hommage à Thierry Maous »

  1. Merci Ben pour cette information. J’ignorais le suicide de Thierry Maous, qui m’interpelle. Je savais qu’il était protestant, comme moi, mais je ne le voyais que très occasionellement.

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