OGM, le vrai du faux

OGM
Ce petit ouvrage assez réjouissant énervera à la fois les adversaires et les partisans dogmatiques des OGM. Frédéric Denhez, journaliste scientifique et auteur de plusieurs livres de référence sur le réchauffement climatique, a en effet choisi d’aborder sans a priori le sujet très polémique des organismes génétiquement modifiés. D’emblée, il fera se hérisser les cheveux des anti-OGM primaires en dénonçant la fameuse étude du Pr Séralini comme peu convaincante sur le plan scientifique et surtout en critiquant le buzz médiatique lancé à cette occasion comme contre-productif pour engager un nécessaire débat citoyen sur le sujet. Au passage, Frédéric Denhez note que la presse (NDLR : à l’exception de Stéphane Foucart dans « le Monde ») a passé sous silence que le numéro de la revue « Food and Drug Toxicology » dans lequel figurait la fameuse étude du Pr Séralini contenait un autre article qui concluait, quant à lui, à l’absence de toxicité de l’OGM incriminé.

Pour autant, les thuriféraires des OGM auraient tort de se réjouir trop vite. Car, au fil de ce livre qui explique sans jargon les origines, les développements et les applications (notamment médicales) du génie génétique, Frédéric Denhez ne nous dissimule rien des incertitudes et dangers concernant bon nombre de plantes génétiquement modifiées commercialisées à l’heure actuelle. Pour lui, les OGM d’aujourd’hui sont en tout état de cause « peu utiles » pour la société, mais il refuse la croyance selon laquelle il ne pourrait pas en être autrement dans l’avenir.
Au passage, Frédéric Denhez estime (ce qui lui sera aussi à coup sûr reproché !) que les scientifiques financés par les associations anti-OGM ne sont pas nécessairement plus crédibles que ceux rétribués par Monsanto et consorts. « Une ONG anti-OGM peut-elle donc trouver autre chose que des faits anti-OGM ? Une entreprise semencière peut-elle publier autre chose que sa propre publicité ? », affirme Frédéric Denhez. A ses yeux, l’affaire des OGM pointe l’urgence d’une réhabilitation et d’un développement de la recherche publique, en particulier dans les domaines fort négligés en France de l’écotoxicologie et de l’épidémiologie.

Bref, pour Frédéric Denhez, les OGM sont des boucs émissaires sur lesquels se cristallise notre refus croissant d’une agriculture industrielle. Malgré les excès et outrances qu’il lui impute, la contestation anti-OGM a en tout cas de permis de placer au premier plan l’exigence de traçabilité alimentaire et de lancer un débat citoyen inédit en France. Espérons en tout cas que ce livre, sur lequel  recensions et réactions semblent avoir été pour l’instant étonnamment peu nombreuses, contribue à cette nécessaire discussion publique, loin des anathèmes des uns et de la « com » des autres.


Editions Delachaux et Niestlé, 168 pages, 12,90 € – www.delachauxetniestle.com
Contact presse : Paule Charleston. Tél.: 01 41 48 83 23 – pcharleston@lamartiniere.fr
(Laurent Samuel)