Qatar : un désert de plus en plus désertique

Pendant la Conférence sur le climat de Doha, le désert du Qatar continue d’être ravagé.

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par Claude-Marie Vadrot

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le désert du Qatar - photo Claude-Marie Vadrot

Depuis quelques années, les Qataris redécouvrent leur désert, qui s’étend au sud-est de la capitale Doha jusqu’à la frontière de l’Arabie saoudite. La partie la plus surprenante est constituée d’un ensemble de dunes, souvent assez hautes, qui servent de terrain de jeux aux habitants les plus fortunés de ce pays de 11 000 kilomètres carrés comportant moins de deux millions de résidents, dont environ 85 % d’étrangers : en général des Indiens, des Népalais, des Pakistanais et des Philippins qui travaillent durement, notamment dans le bâtiment, dans la pétrochimie installée notamment au sud de l’immense capitale et la construction des routes.

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Au cours de l’hiver, c’est-à-dire de fin octobre à mars, les habitants les plus fortunés, en général des Qataris, partent installer leurs campements de repos dans cette zone dunaire. Non pas sous des tentes de bédouins, mais en général dans de vastes tentes et de grandes caravanes toutes équipées de générateurs, de réfrigérateurs et de climatiseurs. Ces derniers servent aussi à chauffer les tentes au cours des nuits qui sont plutôt fraîches.
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Le Quad, ravageur des dunes du désert du Qatar - photo Claude-Marie Vadrot

Ils se baignent rarement, même lorsqu’ils sont proches de la mer, mais pendant le week-end musulman (vendredi et samedi) ou pendant leurs vacances, ils se consacrent aux sports mécaniques. Activité qui consiste à escalader et dévaler les dunes au volant d’énormes 4×4 et de Quads. Toute cette superbe zone dunaire, qui couvre un tiers du pays, est donc en permanence ravagée par des engins à moteur. Ce qui a évidemment pour conséquence d’y détruire une végétation très fragile qui subsiste difficilement dans une région où il pleut en moyenne une douzaine de jours par an. Les animaux, notamment le chat des sables, les oryx (sorte de moutons sauvages) et les gazelles disparaissent rapidement de ces espaces. Tout comme les oiseaux nicheurs (faucons) et les migrateurs qui fréquentent, ou plus exactement fréquentaient, les bords de mer. Ils ne risquent pas de revenir car, bientôt, une énorme nouvelle ville de gratte-ciel surgira au bord de la mer au coeur de ce désert.

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Cette région désertique sera bientôt de plus en plus déserte. Toutes les espèces végétales et animales… désertant une région qui se couvre peu à peu d’un océan de déchets à base de pneus éclatés et de plastiques de toutes les couleurs.

 

Cet article a été publié sur le blog de Politis spécial Doha.

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