Après Rio : le temps et la relance…

Voici le texte de l’édito d’Hugo Verlomme (JNE) publié le 23 juin 2012 sur le site Wikiocéan, lancé le 8 juin dernier à l’occasion de la journée mondiale des océans.

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23 juin 2012 – Il n’est peut-être pas sorti de décision emblématique de Rio, mais à y regarder de plus près, et avec l’œil d’un observateur avisé, on peut aussi voir les choses autrement…

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L’un des enjeux de ce Sommet (voir édito du 20) était la protection de la haute mer. Jusqu’au dernier moment, grâce à l’engagement du gouvernement brésilien, on a pu croire qu’une décision majeure pourrait se prendre, mais c’était compter sans l’opposition farouche de quatre nations qui ont fait capoter les négociations sur la protection de la haute mer : les États-Unis et le Venezuela (étrange compagnonnage en vérité !), ainsi que le Canada et le Japon.

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La déception a été grande dans le camp des protecteurs de l’environnement. En effet, les eaux internationales, hors de toute législation, n’appartiennent à personne, donc à tout le monde. Elles représentent à elles seules 45 % de la planète et sont l’objet de pillages et de ravages depuis des années.

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À l’issue du Sommet, un document d’une cinquantaine de pages a été produit, intitulé « Le Futur que nous voulons », qui contient de nombreux points positifs à partir desquels on peut travailler sur la protection des océans.

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 Métamorphose plutôt que révolution

Comme l’exprime avec grande sagesse Rémi Parmentier dans son blog, depuis Rio : « Parce que j’ai participé à de très nombreux sommets et forums internationaux, j’ai le cuir endurci et une fois la colère initiale passée, je suis prêt à aller de l’avant. Mais le plus important, c’est que tous les jeunes gens qui sont venus ici ne se laissent pas décourager. Il faut qu’ils reviennent la prochaine fois ! Une métamorphose prend plus de temps qu’une révolution. Mais elle peut avoir des effets plus durables. »

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Ainsi parmi les nombreuses résolutions listées dans ce document, Rémi en cite quelques-unes qui nous donnent aussi de bonnes raisons d’espérer : « La section Mers et Océans contient d’importants engagements à respecter un management scientifique, à éliminer les subventions qui contribuent à la surpêche et à une surcapacité des flottes de pêche, à combattre la pêche illégale, à garantir l’accès aux ressources aux petits pêcheurs artisanaux, incluant les peuples indigènes. » Certes, la protection de la haute mer n’a pas été entérinée, mais l’importance de cet enjeu a été mise en lumière et le texte du « Futur que nous voulons » propose que cette question mène à un accord d’ici deux ans et demi.

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On se plaît à dire qu’il ne s’est rien passé au Sommet de Rio (« Rio+vain », etc.), comme le clame victorieusement Sarah Palin aux États-Unis (« une perte de temps ! »), et sans doute cela arrangerait-il beaucoup de monde… On a souvent dit que le Grenelle de l’Environnement n’avait servi à rien, ce qui est faux. Méfions-nous des cassandres qui veulent condamner ces Sommets, ces occasions uniques où peuvent se rencontrer tous les acteurs de l’environnement, qu’ils soient au plus haut niveau de l’État ou petite ONG. À force de dire que rien ne sort jamais de ces sommets, on finit par ne plus en voir les côtés positifs et à faire mépriser dans l’opinion ceux qui luttent pour la préservation de l’environnement.

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