Rio+20 : le carnet de voyage de Bernard Desjeux (5)

La suite du carnet de voyage de l’un des journalistes des JNE présents à Rio.

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par Bernard Desjeux

©Desjeux
Coopérative agricole de maraîchage près de Rio ©Desjeux

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Ce matin du 19 juin, nous partons à l’initiative du CCFD à la périphérie de Rio rencontrer les femmes d’une coopérative agricole de maraîchage. Elles ont réussi à implanter leur parcelle de 1000 m2 sur le parcours d’un oléoduc. Elles font partie d’un réseau AS.PTA, qui regroupe de nombreuses associations comme elle dans l’agriculture familiale et agro-écologique. Ce réseau, par une assistance technique et financière, vise à encourager l’autosuffisance alimentaire et une amélioration de la santé par une meilleure alimentation. Il s’agit de s’appuyer sur les familles d’agriculteurs pour promouvoir le développement durable, préserver l’intégrité de l’environnement.

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Pour cette rencontre, le CCFD a réuni des responsables syndicaux du Nordeste, des Philippines, d’Afrique. Nous sommes tous dans un grand cercle à nous présenter à tour de rôle. Je suis frappé par la détermination citoyenne de ces femmes. On sent une grande force et la capacité à se prendre en main. Leurs voisins leur demandent : « Pourquoi tous ces gens sont venus vous voir ? » « Parce que nous sommes en réseau. » Elles insistent beaucoup sur l’efficacité de l’échange.

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Une association du Nordeste en zone aride a recherché les semences locales d’origine adaptées au milieu et refuse les OGM et les produits de l’agro business. Elles les appellent « les semences de la passion ». Aujourd’hui, ces graines circulent et s’échangent. La production de fourrage et son stockage permet de maintenir le bétail ,alors qu’avant, il devait le vendre à bas prix.

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Seize familles regroupées produisent 2 tonnes par mois de légumes frais. La planification de la production est faite de façon collective afin d’ajuster à la demande : chou portugais, salade, maïs, betterave, carotte, manioc, herbes aromatiques comme le coriandre, le basilic ou les petits piments rouges… Chaque jardin a son puits et est équipé d’une pompe. La femme gère son jardin. Tout en améliorant sa santé et augmentant ses revenus, Joyce, associée fondatrice, a pu construire sa maison pour abriter ses 4 enfants et s’occuper d’eux. Avant, elle était cuisinière à Rio et ne rentrait que le week end. Une façon de « préserver les enfants de la rue ».

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La présidente de l’association, Alzoni da Salva Fausto, attend du sommet de Rio « la préservation de l’environnement que l’on puisse vivre de notre travail ». Sa fille Josyane, 20 ans, est à l’université. Elle se bat elle aussi pour attirer les jeunes dans cette réalisation qui ne peut fonctionner qu’avec un certain amour de la Terre.

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Cette belle journée prolonge de belle manière celle d’hier où Philippe Desbrosses réaffirmait sa foi dans les petits agriculteurs (lire ici). Du solide et de l’espoir.

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Rio le 19 juin

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P.S. Depuis ce matin, c’est la rotation permanente des hélicoptères dans la baie de Rio pour, je suppose, les chefs d’Etat et leurs délégations. Il y a même un bateau de guerre en face du Sofitel, où, d’après ce que j’ai compris, loge François Hollande.

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Pour voir le diaporama (photos de Bernard Desjeux) clicquez ci-dessous sur [View with PicLens]

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