À mes amis écologistes – et à tous les autres…

Une adhérente des JNE part en guerre contre les scénarios catastrophe…

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par Michka

Pendant de nombreuses années, je n’ai rien eu de plus pressant que de dénoncer les innombrables méfaits environnementaux menaçant la vie sur Terre. Aujourd’hui, nous sommes cernés par les constats désespérants, par les projections catastrophistes. Amis écologistes, et vous tous qui êtes inquiets pour l’avenir de l’humanité, je vous en prie : changeons notre fusil d’épaule.

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Un souvenir lumineux

L’hiver 1969 – celui où je découvris Silent Spring, le livre de Rachel Carson qui mit le feu aux poudres – a laissé en moi un souvenir lumineux.

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Quittant le sud de l’Angleterre où nous occupions des postes de prof, nous étions partis à l’aventure, mon compagnon et moi, sur un petit voilier originellement conçu pour « la croisière en estuaire ». Après avoir vaillamment traversé la Manche et caboté le long de la côte Atlantique, nous avions descendu le canal du Midi puis navigué jusqu’à Alicante, où nous hivernions.

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Il n’y avait pas encore de marina dans le port d’Alicante. Les quelques yachts de passage étaient amarrés les uns à côté des autres, cul à quai. Nous avions pour voisins un voilier ventru qui surplombait notre mince esquif (et qui, l’été, prenait des passagers pour des croisières aux Antilles). Les navigateurs de ce voilier cossu, un Américain et une Suédoise, mariaient le goût de l’aventure et le raffinement. Elle cuisinait des currys délicieux qu’elle servait, sur la table du carré, dans de précieux plats en porcelaine bleue hérités de sa famille ; quant à lui, il tenait des propos agréablement décapants.

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J’adorais aller dîner chez ce couple hors pair ; mais il me fallait alors affronter ce qui m’apparaît, avec le recul, comme la pire épreuve que j’ai eue à affronter au cours de mes années de navigation.

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Une planche étroite menait du quai de pierre jusqu’au pont de leur voilier. Celle que nous empruntions pour rejoindre notre bord était courte, trois ou quatre pas tout au plus, et presque horizontale. Celle qui menait chez nos nouveaux amis était beaucoup plus longue, et inclinée. Son extrémité reposait non pas sur le pont du voilier mais sur une structure en bois suspendue en extension au-dessus du vide. Pour rendre visite à nos amis, il fallait transiter comme un équilibriste par une planche étroite, vertigineusement disposée au-dessus de l’eau sale qui clapote dans les recoins de tous les ports du monde – mousse innommable, traces de mazout et détritus variés. À chaque fois que je devais passer par cette planche, mon cœur se serrait et mes jambes flageolaient. On m’encourageait, on me tendait la main ; et finalement, réunissant tout mon courage, je m’élançais…

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Comme il est d’usage sur les voiliers habités, nous échangions les livres que nous avions fini de lire. C’est ainsi que je découvris Silent Spring. L’auteur y annonçait les printemps silencieux qui allaient être les nôtres – les oiseaux exterminés par les pesticides – si nous persistions à empoisonner la planète avec les substances mortifères issues de l’industrie chimique.

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« The Big Shift »

Le début des années 1970 fut prolifique, pour moi comme pour bien d’autres. Les psychédéliques et la physique quantique allaient, chacun à leur façon, modifier notre cosmogonie.

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De jeunes physiciens de l’université de Berkeley, trempant agréablement dans les sources chaudes californiennes, exploraient à la fois le LSD et le théorème de Bell – ce qui allait avoir pour effet de nous révéler la nature holographique de l’Univers. Notre vision du monde allait s’en trouver radicalement transformée, avec pour corollaire une expansion majeure de notre conscience. Les nouvelles sciences nous le révélaient : toute partie est en relation cachée et instantanée avec toute autre. Le tout agit sur la partie et vice-versa.

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La réalité s’avérait infiniment plus complexe que nous ne l’avions crue. Elle n’était pas une, mais multiple, car variant en fonction de celui qui la regardait. L’observateur modifie ce qu’il observe. Autrement dit, il y participe. Il n’y a de réalité que subjective, et personnelle.

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Puis, vinrent les années 1980 – le creux de la vague, me concernant, pour ce qui est de l’expansion de la conscience. J’élevais mes enfants, satisfaite d’être pleinement concentrée sur les nécessités matérielles de la réalité en trois dimensions ; inspirée par les gestes qui sont bénéfiques pour la planète comme pour nous-mêmes. Manger bio, et local. Choisir des matériaux naturels, des énergies renouvelables. J’écrivais des articles destinés à alerter l’opinion sur les effets délétères – pour la santé de la Terre et pour la nôtre – de notre agriculture chimique.

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Une vie de famille gratifiante avait depuis belle lurette remplacée la vie d’aventure que j’avais connue des années auparavant, et je me félicitais d’avoir la chance, devenue peu commune, d’élever mes enfants en compagnie de leur père. J’étais heureuse. Cependant, mes enfants devenus presque adultes, il arriva, au cours des années 1990, que je m’interroge. Où était donc passée la bouillonnante énergie des années 1970, et le sentiment que tout était possible, si l’on s’en donnait la peine ? Où se trouvait la nouvelle « frontière », au sens que les Américains donnent à ce terme, c’est-à-dire la limite sans cesse repoussée qui sépare le connu de l’inconnu ? Il me semblait parfois que quelque chose m’échappait. Jusqu’à ce qu’un ami me fasse connaître une nouvelle génération de livres…

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J’ai, depuis, renoué avec l’excitation que l’on ressent à défricher des contrées inexplorées, j’ai retrouvé la nouvelle frontière. Et j’observe aujourd’hui, dans les écrits anglo-saxons, l’émergence d’un nouveau terme pour la décrire : « The Big Shift ». Le changement de niveau – le passage à un nouveau niveau de conscience. Car il s’agit d’une transformation radicale de notre système de pensée, sur les traces de la physique quantique et des neuro-sciences.

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Il s’agit, ni plus ni moins, de tourner la page de l’ère matérialiste.

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Divins par essence

La science a longtemps considéré que seul existait ce qu’elle savait expliquer. Que la conscience naît de la matière. Or il apparaît aujourd’hui que c’est tout l’inverse. La conscience précède la matière ; elle la crée. Conclusion inéluctable : on ne saurait régler un problème matériel avec des solutions matérielles. Pour modifier profondément la réalité, il faut passer par le domaine psychique, ou spirituel.

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L’heure est venue de renouer avec ce que nous ne comprenons pas. Avec le mystère de la vie. La conscience ne résulte pas de la rencontre accidentelle d’atomes et de molécules. Nous sommes divins par essence. Nous co-créons le monde. L’univers est holographique (un fragment suffit à reconstituer l’ensemble). Changer notre réalité personnelle (la partie) est la seule façon dont nous puissions changer la réalité globale (le tout).

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Comment créons-nous notre réalité ? Nous la créons par nos pensées – ou, plutôt, par nos croyances. Car celles-ci fonctionnent comme des aimants : elles attirent à elles des éléments de même niveau vibratoire (c’est ce que l’on nomme parfois la loi de l’attraction).

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Seth, « l’essence de la personnalité d’une entité non incarnée » qui dicta mot à mot, à la virgule près, des livres entiers par la voix de Jane Roberts, l’exprime clairement : you get what you concentrate on. Vous créez ce sur quoi vous faites porter votre attention. Et cette notion est capitale.

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Le passé et le futur sont des illusions créées par nos sens. Seul existe l’instant présent, dans lequel coexiste ce que notre système de perception nous fait percevoir comme des évènements qui se sont déjà produits, ou qui vont se produire.

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Toutes les versions possibles d’un même évènement existent, également valides (ce sont les réalités probables). Nous attirons à nous, par un processus électromagnétique, celles auxquelles nous croyons. La création se crée elle-même, à tout instant, dans l’éternel présent. L’heure est venue, pour l’humanité, de le reconnaître et d’endosser cette responsabilité ; de commencer à faire en conscience ce que nous accomplissions jusque-là à notre insu. L’heure de l’écologie spirituelle a sonné. Il faut faire en nous, désormais, la chasse aux pollutions intérieures que sont les idées noires et les émotions négatives. Car ce que nous nous infligeons à nous-même, nous l’infligeons au tout.

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Toutes affaires cessantes, retrouver la joie de vivre

Voici un demi-siècle que nous sommes collectivement hypnotisés par la croyance selon laquelle la planète, ou plutôt le genre humain, court à sa perte. Et la liste de tout ce qui va mal, et même très mal, ne cesse de s’allonger. Nous fonçons vers la catastrophe, comme un papillon inexorablement attiré vers la lumière.

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De tsunamis en tremblements de terre, d’éruptions volcaniques en catastrophes diverses, Gaïa multiplie les mises en demeure. Nous sommes confrontés aux prémisses d’une crise éliminatoire (au sens que la médecine naturelle donne à ce mot – les symptômes de « la maladie » constituant de fait une crise visant à rétablir l’équilibre qu’est la santé).

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Au train où vont les choses, nos prédictions les plus funestes sont en passe de s’accomplir, dans un exemple de ce que les Anglo-saxons nomment « self-fulfilling prophecy » (la prédiction créant sa propre réalité).

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Nous créons ce sur quoi nous faisons porter notre attention. L’état de la Terre dépend de notre contenu mental. Quand nous nous concentrons sur les scénarios catastrophes, nous leur donnons de la force. Quand nous scrutons les maux de la planète, nous les aggravons.

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J’ai cru longtemps qu’il était crucial d’alerter l’opinion, qu’il fallait aller au fond des problèmes pour trouver les solutions adéquates. Or je suis convaincue que cette croyance est à présent délétère ; qu’elle nous précipite vers le désastre.

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Il en va au-dedans de nous comme au-dehors. Le monitoring de notre contenu mental doit devenir notre priorité absolue. Nous devons mettre toute notre énergie à échafauder des scénarios heureux, et uniquement des scénarios heureux.

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Si nous voulons réellement préserver la vie dans ce qu’elle a de plus fragile et de plus émouvant, nous devons redécouvrir les capacités de notre propre corps à se régénérer, de même que nous devons placer notre foi dans la vitalité de la Terre et dans ses capacités d’auto guérison.

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Il n’est de tâche plus urgente que de recouvrer la joie spontanée des animaux et des enfants. Que de retrouver, toutes affaires cessantes, la joie de vivre.

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michka@mamaeditions.net

Michka a longtemps été auteur et journaliste. Elle a cofondé Mama Editions en l’an 2000 et vient de publier le deuxième volume d’un récit autobiographique, De la main gauche, Journal 2.

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