« La Clé des Champs » : un enrichissement intellectuel et spirituel

Depuis la sortie triomphale (et méritée) de Microcosmos en 1996, toute apparition d’un film de Claude Nuridsany et Marie Pérennou suscite un légitime intérêt.

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Par Christiane Ruffier-Reynié

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Plusieurs années séparent chacune de leurs productions, mais ce ne sont pas des années d’inactivité ! Il n’a pas fallu moins de quatre ans pour préparer La Clé des Champs, dont le scénario avait été écrit auparavant, et encore un long temps pour le réaliser. Et les auteurs n’ont perdu ni leur talent, leur patience, leur inventivité, ni leur sens du montage pour récolter et assembler des images « sensationnelles », toujours au service de leur passion pour la Nature.

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Cependant, captivant par ces images de hautes herbes et d’une mare dont on découvre la vie intense dans les profondeurs d’une eau limpide, La Clé des Champs diffère de Microcosmos par sa conception même : l’introduction et l’action de l’espèce humaine.

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Car dans Microcosmos, on était projetés dans un univers sans êtres humains et les spectateurs découvraient par eux-mêmes le monde des infiniment petits. Ils en étaient les observateurs directs et pouvaient en tant que tels ressentir, chacun à sa façon, la stupéfaction et l’émerveillement.

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Dans La Clé des Champs, une voix d’adulte (Denis Podalydès) raconte par intermittences ses souvenirs d’enfance, situant d’emblée cette époque dans le passé. On voit aussi quelques habitants de la région, avec notamment l’apparition imprévue d’une fillette, d’abord intruse, puis camarade et finalement complice. Ces deux enfants sont les observateurs directs de leurs domaines et ressentent des émotions dont les spectateurs du film ne reçoivent que le reflet. Même, ces enfants interviennent et substituent au bonheur contemplatif les joies inconsciemment orgueilleuses du prélèvement d’éléments naturels, longues herbes, tiges bizarres, pétales, pour fabriquer des jouets avec lesquels ils s’amuseront. Certains peuvent l’apprécier, d’autres le regretter.

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De toutes façons, cependant, ce film est si riche à tous points de vue que les spectateurs trouvent forcément à le voir un intérêt puissant et une source de satisfaction profonde, ne serait-ce que par la découverte de cet extraordinaire monde si vivant qui existe à côté du « nôtre » et que l’on ignore.

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Les amateurs de connaissances scientifiques comme ceux ravis d’être ébahis et ceux qu’enchantent la poésie y trouveront leur compte, aidés par la remarquable musique originale de Bruno Coulais qui se mêle aux sons naturels… Comme les deux jeunes enfants qui garderont toute leur vie le souvenir de cette expérience qui les a aidés à se révéler à eux-mêmes, les spectateurs, après la vision de ce film, auront vraisemblablement la grande chance de se sentir enrichis intellectuellement et spirituellement.

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