Un historique du contenu du quotidien Le Monde donne une bonne image de l’écologie telle qu’elle est traitée dans les médias en général.
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Par Michel Sourrouille
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Hervé Kempf succède à Marc Ambroise-Rendu et Roger Cans sur la rubrique environnement au journal Le Monde. Mais il n’est plus isolé, l’écologie prend de l’importance dans ce quotidien de référence. Edwy Plenel, influencé sans doute par le directeur adjoint de la rédaction, Jean-Paul Besset, a voulu doubler la couverture de l’environnement. Hervé Kempf été embauché en septembre 1998 pour renforcer à l’international Sylvia Zappi, en poste depuis le départ de Cans en 2005. Zappi est partie vers le service politique (pour couvrir notamment l’écologie politique) mais a tout de suite été remplacée par Benoit Hopquin, puis par Gaëlle Dupont. Grâce à cette multiplication des journalistes, Le Monde a joué un rôle important notamment dans :
– le suivi des négociations climatiques. A côté du binôme Kempf-Zappi puis Kempf-Hopquin, puis Kempf-Dupont, le service Sciences a suivi de plus en plus l’environnement, notamment en ce qui concerne la climatologie. Avec Stéphane Foucart, Le Monde a une des meilleures expertises de vulgarisation scientifique sur la question. Les journalistes ont par exemple durement bataillé contre Allègre et les climato-sceptiques début 2010.
– la bataille des OGM (Le Monde a été bien utile à José Bové ou Arnaud Apoteker) ;
– le nucléaire (même si la ligne générale du journal est pro-nucléaire, beaucoup de papiers « critiques » ont pu passer) ;
– la décroissance (qui a trouvé ses premiers relais grand-public dans Le Monde) ;
et des dizaines d’autres sujets que les journalistes ont été les premiers ou parmi les premiers à révéler en France, comme l’Arctique ouvert par le réchauffement (27 octobre 2004), les sables bitumineux (26 septembre 2007), la déforestation à cause de l’huile de palme (9 janvier 2008), les gaz de schiste (22 mars 2010)…
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L’« environnement » est donc de mieux en mieux traité, l’évolution s’étant amplifiée avec l’arrivée à la direction d’Eric Fottorino en juin 2007. Fottorino a mobilisé davantage de rédacteurs à la chose environnementale (Laurence Caramel, Laetitia Clavreul, Stéphane Foucart) en plus des rédacteurs patentés (Hervé Kempf à l’international, Gaëlle Dupont au national et Sylvia Zappi à l’écologie politique). Six ou sept rédacteurs au lieu d’un seul, durant presque 25 années (1974-1998), cela fait une sacrée différence.
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Fottorino a aussi ouvert clairement les colonnes du quotidien à l’écologie à partir du numéro du 23 septembre 2008. Cette page 4 consacrée à la Planète, au même titre que les pages International ou France, est un bel effort pour faire prendre conscience aux lecteurs que, si rien n’est perdu encore (mais c’est tout juste), rien n’est gagné. Planète est un véritable service comptant plus de dix journalistes, un cas unique en France. Hervé Kempf assure dorénavant une chronique hebdomadaire sur l’écologie souvent percutante et assure le pivot de l’information sur l’environnement. Depuis 1998, il a écrit plus de 1250 articles. Le Monde est donc devenu écolo, son engagement en matière d’information environnementale tranche avec le reste de la presse.
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Mais sous la rubrique Planète, nous retrouvons l’ancienne page Environnement & Sciences et le même type d’articles… en moins optimiste : c’est sous le mode de la contemplation et de la désolation que sont traités les faits écologiques. Depuis 2008, la tonalité des pages Planète reste similaire. Les titres du 31 octobre 2008 étaient caractéristiques du fatalisme dominant : « A la frontière jordanienne, l’exploitation effrénée d’une mine d’or bleu » ; « L’amiante devrait échapper à l’inscription sur une liste internationale de produits dangereux ».
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Planète du 3 septembre 2011 confirme notre diagnostic : « Les océans sont plus bruyants qu’il n’y paraît, et le sont toujours plus » ; « La Chine accueille les procédés les plus polluants de l’industrie chimique mondiale ». La planète tourne à l’envers, on ne sait plus par quel bout s’attaquer à cette farce tragique… alors, on constate qu’on ne peut rien changer ! Un quotidien, même d’envergure (inter)nationale, ne fait que refléter l’état présent de la société. Il ne s’engage pas, il laisse la société telle qu’elle est. Un autre Monde est nécessaire, il est possible, encore faut-il éradiquer les blocages que nous analyserons dans l’article suivant…
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