Dans le cadre d’un voyage de presse organisé à l’occasion du salon Biobernai, les JNE ont visité une ferme bio à Boofzheim (Bas-Rhin).
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par Roger Cans
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Raymond Durr exploite une ferme perdue dans la forêt du ried, à Boofzheim (Bas-Rhin). Par conviction soixante-huitarde, en 1975 (il a 27 ans), il oublie ses études d’ingénieur agricole pour former une coopérative laitière en association avec les produits Biogam (une laiterie de Lorraine). Il revient dans son village de Boofzheim en 1980, lorsque son père prend sa retraite. La ferme compte alors 20 hectares, 7 vaches, un tracteur et des champs de tabac.
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En 1980, il y avait 50 cultivateurs, sur 800 hectares. Aujourd’hui, il n’y en a plus que quatre, sur la même surface. Les prairies naturelles inondables (400 hectares) ont été retournées pour semer du maïs. Pourquoi le maïs ? Parce que, en zone inondable, le blé est inondé au printemps et donc perdu, tandis que le maïs semé en mai, après les inondations, est récolté en octobre, avant les inondations.
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Raymond Durr constate que « même les bios vivent des subventions de la PAC » (politique agricole commune). Lorsque la PAC a institué les jachères, en 1992, le prix des céréales à paille a baissé. Mais on touchait 600 euros par hectare de maïs. Les planteurs de maïs ont reçu 35 % à 40 % des primes.
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En 2002, a été instaurée la prime à la luzerne bio (550 euros l’ha). En 2003, cette prime a été étendue à toutes les cultures. En 2009, la prime a été ramenée à 100 euros l’ha. Lui touche environ 20.000 euros de primes par an. « Ici, on ne vit pas de la ferme, mais de la transformation ».
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Chez lui, le lait des 35 vaches est transformé en yaourts et fromages frais. Il vend aussi sa viande bovine, ses cochons et même du soja, qui est transformé en tofu par les Allemands de Fribourg. Ils sont trois à la ferme et vingt personnes affectées à la transformation de 40 produits, vendus sur les marchés ou par le réseau Biocoop.
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Chez lui, les veaux sont séparés de leur mère entre un et quinze jours. Si le veau est séparé de sa mère au bout de six mois, « elle va gueuler pendant huit jours »… En outre, le veau boit 3 litres de lait par jour, sur une production de 20 à 25 litres. Les vaches « en finition » (pour la boucherie) sont sur caillebottis.
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Les taurillons, sur litière de paille, seront expédiés en Italie pour faire de la viande de veau. Les cochons à l’engrais vivent dans des enclos sur litière de paille, mâles (castrés) et femelles ensemble. On ne leur lime pas les dents et on ne leur coupe pas la queue, car ils ne développent aucune agressivité quand ils sont bien installés. C’est le cas ici, car ils disposent d’un endroit boueux pour fouailler et faire leurs déjections, et ils conservent leur litière parfaitement propre.
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En 1980, à son arrivée sur la ferme, Raymond Durr s’est lancé dans la production de biogaz avec les effluents. Mais le lisier, chargé d’ammoniac, est très corrosif pour les tuyauteries et les digesteurs. Tout a été arrêté en 1985.
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