L’économie et l’emploi en débat au Green Forum du WWF

Voici la suite de notre série sur le Green Forum du WWF, qui se tient ce 6 octobre 2011 à Paris, avec le compte-rendu de la table ronde : « Syndicats, patronats et pouvoirs publics, comment anticipent-ils la mutation de l’économie afin de préparer l’avenir des emplois ? ».

par Catherine Levesque

 

Animé par Guillaume Duval du magazine Alternatives économiques

Hélène Bégon, ministère de l’écologie et du DD
Joëlle Remoissenet,
conseillère régionale Pays-de-la-Loire (supplée Matthieu Orphelin), élue écolo à la commission apprentissage
Jacky Fayolle,
directeur du centre d’étude et de prospective du Groupe Alpha
Christine Dupuis
, Union nationale des syndicats autonomes (créé en 1998)
Sandrine Bourgogne,
Confédération générale du patronat des petites et moyennes entreprises

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Hélène Bégon, ministère de l’écologie et du DD

Le ministère pilote un plan de mobilisation pour l’emploi et l’économie verte. Comité de pilotage national + comités de pilotage d’études. Gouvernance.
L’Observatoire est une des composantes du plan.

Métiers de la biodiversité : filière en structuration, peu connue, qui va émerger très fort en prise de conscience et en réglementation

Site Internet créé avec l’Afpa
Métiers liés à l’électricité : constats, préconisations pour revoir les formations du Cnam sur l’ensemble des filières liées à l’énergie

Les services : compétences liées à l’économie verte sur des diplômes comme le BTS tourisme

—> On ne sait pas prouver si l’économie qui se dessine va créer des emplois. Mais on sait qu’il faut évoluer sinon on risque d’en détruire.
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Joëlle Remoissenet, conseillère régionale Pays-de-la-Loire (supplée Matthieu Orphelin), élue écolo à la commission apprentissage
Décalage insupportable entre le discours et la réalité, que ce soit sur la rénovation des bâtiments, les ENR,
Des centaines de licenciements sur la filière photovoltaïque ! Plan de restructuration prévu à EDF sur ce secteur.
Pédagogie de l’exemple :
3 exemples menés autour de la transformation écologique de l’économie. Il faut de la volonté politique.
1 / Rénovation énergétique des lycées (112 lycées, 13 millions d’euros de facture énegertique et 100 millions de travaux par an)
Budget de 460 millions d’euros pour l’amélioration des bâtiments sur l’objectif 3 x 30 :
30 % d’économies d’énergie
30 % de diminution de gaz à effet de serre
30 % d’ENR
2 / Reconversion de Bénetteau qui s’est diversifié dans de nouvelles techniques de construction modulaire. Assemblage des modules sur les sites (internats, par exemple). Délais de construction raccourcis (un an). Premier projet de logement étudiant construit à Angers. Un logement en Vendée. 3 autres projets à l’étude
3 / Restauration collective de qualité avec bio et circuits courts
80 000 repas par jour.
Objectif provocateur de 100 % bio dans les cantines (démarche qui s’inscrit dans le temps). Expérimentation sur 42 établissements en lançant un appel aux lycées. Ils s’engagent dans une démarche globale (approvisionnement, transformation, accompagnement) et seront financés par la région.
Trois enjeux importants :
a / Enjeu énorme de formation continue pour les régions (qui en ont la compétence), condition de la réussite de cette transition écologique.
L’Etat doit investir davantage dans les filières de reconversion.
Société STX à Saint-Nazaire reconvertie dans l’éolien offshore et énergies marines. Maintien des emplois existants et création de 600 postes supplémentaires avec programme d’accompagnement poussé.
b / Les PME représentent 99 % des entreprises en France. Elles manquent de capital pour investir et paient 30 % d’impôts, + que les entreprises du CAC 40.
c / Développer l’économie sociale et solidaire pour qu’elle soit au centre d’une économie nouvelle (pourvoyeuse d’emplois non délocalisables). Remettre l’humain et la nature au cœur de l’économie.
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Christine Dupuis, Union nationale des syndicats autonomes
L’économie verte est un enjeu important, mais les emplois créés ne résoudront pas la crise. Nous travaillons beaucoup sur la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences, en particulier au niveau des territoires (les accords de branches n’existent plus).
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Sandrine Bourgogne, Confédération générale du patronat des petites et moyennes entreprises (CGPME)
Représente les entreprises de moins de 250 salariés.
97 % des entreprises en France ont moins de 10 salariés !
En Europe, les 2/3 des emplois créés le sont dans les toutes petites entreprises.
D’où l’importance que les petites entreprises soient présentes dans ce débat.
Reconversion d’emplois, compétences plus vertes… Mais ces notions ne sont pas toujours bien intégrées par les petits chefs d’entreprise, qui ont un cadre réglementaire contraignant. Les aider à repérer les opportunités, à anticiper.
Le plan métier Grenelle est un mouvement fort (consensus sur la formation). Nécessité de travailler avec les branches professionnelles. Positiver le message.
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Jacky Fayolle, directeur du centre d’étude et de prospective du Groupe Alpha
Etude perturbante du Céreq (Centre d’études et de recherches sur les qualifications) : « La bulle des formations environnementales » (téléchargeable sur http://www.cereq.fr/index.php/actualites/La-bulle-des-formations-environnementales)
Cette étude estime que l’offre dépasse les besoins des entreprises
33 % de risques supplémentaires de ne pas avoir d’emploi pour ceux qui ont une formation de ce type.
Ce paradoxe frappant illustre un paradoxe plus global.
Le Centre européen de formation professionnelle a publié pour sa part un rapport qui dit que la France est la plus avancée avec son plan de développement pour les métiers verts.
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Echanges avec la salle :
Une étudiante en mastère de l’environnement : On parle plus d’emplois que de reconversion écologique de l’économie.
Guillaume Duval, Alternatives économiques : problème avec la crise économique actuelle. Pour en sortir, on aurait besoin d’accélérer la reconversion écologique de l’économie, mais la crise incite les pouvoirs publics à soutenir des secteurs pas forcément verts (ex. automobile).
Crise : frein ou opportunité pour la création d’emplois verts ?
Communique-t-on assez sur les conversions vertes positives ?
Sandrine Bourgogne : les investissements doivent se faire pour du long terme.
Jacky Fayolle : Le DD passe par des investissements de long terme qui doivent être financés, et on butte sur ce qui est le cœur de la crise : les banques. Elles rechignent à financer des activités qui rémunèrent sur le long terme.
Joëlle Remoissenet : Nous sommes dans un système à bout de souffle. La facture énergétique va continuer à augmenter en impactant le résultat des entreprises, qui ont donc intérêt à en tenir compte. On a peu parlé de l’écoconception. Une étude de l’Ademe montre que les entreprises qui se sont engagées dans cette voie y trouvent un bénéfice (aussi bien sur les économies réalisées que sur les débouchés).
Christine Dupuis : Dans les petites structures, besoin d’une expertise plus qu’un diplôme en soi.
Besoin d’une adéquation entre les emplois et les formations.
Développer les outils d’incitation et de valorisation.
Hélène Bégon, ministère de l’écologie et du DD
La France est considérée comme un pays pessimiste. On peut donner le sentiment d’une « légère fatigue » ! Il se passe quelque chose, mais il reste beaucoup à faire. Nous sommes dans cet entre-deux. Caractère original de ce que l’on vit, on se tourne vers son voisin, ça produit des envies de discuter, sans vouloir faire de l’angélisme, des envies d’inventer et de nous tirer vers le haut.
Guillaume Duval, Alternatives économiques
Difficulté pour la France de présenter de manière positive ces mutations pour la raison simple qu’elles auront dans l’immédiat pour effet de dégrader la balance commerciale de la France, faute d’avoir anticiper la production (ex. trente ans de retard sur l’éolien).
La dynamique lancée par le Grenelle de l’environnement marque à cet égard une rupture en France.
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Conclusion de la journée par un grand témoin : Jean-Philippe Teboul, directeur d’Orientation durable

(Attachée de presse d’Orientation durable : Stéphanie Timon, 01 53 21 91 16 / s.timon@orientationdurable.com)

« Depuis 7 ans, Orientation durable accompagne les demandeurs d’emploi et les employeurs dans le domaine du DD.

M. Greffet a commencé ce matin avec les questions de définitions : de quoi parle-t-on en matière de métiers verts ?

BTP : ce qui va les intéresser, le marché public (ex. : la qualité environnementale d’un projet les contraint à avoir les compétences)

Pour les banques, c’est l’ISR : les investisseurs prennent en compte les responsabilités sociales et environnementales des entreprises sur lesquelles ils misent.

Importance du facteur temps. Ex. selon le PNUE, certains pays du Sud ne peuvent se permettre le DD.

Beaucoup de projets d’écoconception ont été gelés en 2008 car les gains n’étaient pas immédiats et la trésorerie des entreprises ne leur permettait pas.

Souci avec certains ingénieurs fascinés par la rudologie et l’écologie industrielle (les entreprises utilisent les déchets des autres). Seules les collectivités peuvent se permettre de s’y intéresser.

Il peut y avoir une amélioration de la pratique environnementale industrielle et une dégradation sociale en parallèle. Peu de demande sur la qualité sociale des produits de la part des actionnaires.

Avec l’intervention de M. Mestre, la question n’est pas du boulot en plus ou en moins, mais un boulot différent. Question de la conversion.

Ex. Damart a converti ses couturières en télémarketeuses pour éviter la perte d’emploi.

136 000 heures ont été achetées par le leader de l’évenementiel sur le DD + augmentation de l’achat de conseil et de formation sur les achats responsables.

Pour comprendre le paysage de l’emploi du DD, il faut regarder l’emploi des normes de qualité dans les années 1980 : au départ, des formations, des diplômes, mais pas de postes.

Incertitudes pour le demandeur d’emploi, mais comme tous les métiers qui changent en permanence, les métiers verts sont passionnants !  »

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1 réflexion au sujet de « L’économie et l’emploi en débat au Green Forum du WWF »

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