Landes Atlantique Sud à l’épreuve de la sobriété : Croître sans s’étendre par Guillaume Baudoin et Edouard Dequeker

Quelles solutions pour sortir de la pression touristique et immobilière toujours croissante sur la partie littorale sud du département des Landes (Landes Atlantique Sud) ? Comment se développer sans s’étendre ? Telles sont les questions auxquelles Guillaume Baudoin, directeur général des services de MACS (Communauté de communes Maremne-Adour-Côte Sud), et Edouard Dequeker, professeur d’économie urbaine à l’ESSEC Business School, s’emploient à répondre dans ce livre à la fois documenté et accessible.

Les auteurs relatent d’abord l’histoire de ce territoire abritant aujourd’hui près de 70 000 habitants sur un peu plus de 60 000 hectares. Une histoire marquée notamment par le détournement en 1578 de l’Adour, qui se jetait auparavant à Capbreton, en direction de Bayonne, par la création de la forêt de pins maritimes au XIXe siècle, et par la création en 1967 de la MIACA (Mission interministérielle d’aménagement de la côte Aquitaine) qui, grâce à son premier président, Philippe Saint-Marc (membre des JNE), a évité au secteur l’urbanisation massive subie par la côte du Languedoc-Roussillon.

Mais voilà, ce territoire est impacté à partir des années 1980 par l’irruption du surf, qui se traduit par un développement massif du tourisme et par l’apparition d’un nouveau secteur économique longtemps florissant, incarné par des entreprises de renommée mondiale comme Rip Curl, Quicksilver et Billabong. Avec à la clé une forte croissance démographique et économique, entraînant une multiplication des lotissements, zones commerciales et autres zones d’activité économique. A l’artificialisation croissante des sols ainsi occasionnée s’ajoutent les conséquences du changement climatique telles que l’érosion côtière et les risques accrus de submersion marine, d’inondations et d’incendies de forêt.

Pour sortir de cette situation, marquée aussi par une crise du logement pour les travailleurs permanents et surtout saisonniers, Guillaume Baudoin et Edouard Dequeker mettent avant un objectif central : la sobriété foncière. Celle-ci se traduit sur le plan législatif et réglementaire par le ZAN (Zéro artificialisation nette), dans lequel Landes Atlantique Sud s’inscrit depuis 2022. Entre autres mesures allant dans le sens d’un changement de modèle d’aménagement, les auteurs prônent une revitalisation des centres-bourgs, une priorité aux logements abordables et saisonniers, des transports publics améliorés et mieux intégrés, un nouveau modèle sylvicole misant sur l’économie du chême-liège, sans oublier un tourisme moins centré sur le littoral et valorisant mieux la forêt. Cela suppose d’améliorer la gouvernance et l’action publique locales, avec une implication accrue des citoyens et une « démocratie participative », complémentaire selon les auteurs de la démocratie représentative. Guillaume Baudoin et Edouard Dequeker plaident aussi pour que Landes Atlantique Sud se dote d’une « marque », autrement dit d’une image claire de « marketing territorial », qui serait selon eux l’ « élitisme tranquille ». Ainsi donc l’objectif ZAN, vu par beaucoup d’élus et de citoyens comme une contrainte, pourrait-il constituer pour le territoire une « formidable opportunité d’infléchir sa trajectoire de développement ».

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ESSEC/Éditions de l’Aube, 298 pages, 20.00 €
Contact Presse – Isabelle Lacroze. Tél.: 06 09 90 17 70 – isa.lacroze@orange.fr
(Laurent Samuel)
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