Après La ligne de partage des eaux (2014) sur la Loire et la Vienne, Dominique Marchais revient aux rivières. Cette fois, il est dans le Béarn et s’intéressent aux gaves, des rivières puissantes, emblématiques parce que les saumons viennent encore s’y reproduire.
par Danièle Boone
Ce beau documentaire contemple la rivière. Le son ? Le flot qui coule et les chants d’oiseaux. Bientôt une silhouette se détache, anonyme. La caméra se rapproche. C’est un membre d’une équipe associative qui ramasse des fragments de plastique. La collecte est pesée, analysée. On continue le parcours entre paysages et rencontres : des pêcheurs, militants associatifs, chercheurs et chercheuses en biologie ou climatologie, étudiants, éleveurs et agriculteurs, naturalistes. Des choses sont dites sur la pollution, la politique, les changements, l’avenir, sur les nappes, tout un système d’autant plus compliqué qu’on ne le voit pas.
Dominique Marchais a filmé plusieurs rivières contrairement à ce que le titre laisse penser. De fait, il s’est intéressé à l’ensemble du bassin versant c’est à dire la cuvette irriguée par des dizaines de cours d’eau interconnectés. « La rivière » est la partie visible du réseau hydrographique qui se poursuit souterrainement. C’est de l’eau qui coule dans de l’eau avec un jeu de vases communicants. le réalisateur s’insurge contre les mauvaises politiques de l’eau liées à des mauvaises représentations. L’eau n’est pas un stock, c’est un flux. Il n’y a pas d’eau en excès. Dominique Marchais a remonté la rivière jusqu’aux glaciers : le constat du réchauffement est là devant leur recul voire leur disparition. Et tout au long de cette remontée, il donne la parole aux amoureux et aux défenseurs de la nature dont on découvre les noms au générique : Manon Delbeck, Patrick Nuques, Philippe Carcia, Gilles Bareille, Florence Habets, Jon Harlouchet, Pierre-Yves Gourvil…
Le film est extrêmement sobre. Il ne cherche pas à faire débat mais beaucoup de choses sont dites : la transition écologique qui remplace seulement l’énergie fossile par l’énergie renouvelable sans respect de l’environnement et sans changement de pratiques, l’ineptie des bassines, la nécessité de restaurer les écosystèmes, etc. Après avoir vu le film, surgissent interrogations, révoltes, un peu de désespérance mais aussi une furieuse envie d’agir pour sauver ce qui reste. En 2019, plus de la moitié des ruisseaux, rivières et fleuves se trouvaient en mauvais état écologique et pollué. Cela, c’est moi qui le rajoute ! « La rivière »a reçu le prix Jean Vigo 2023.
Méteore films, en salle le 22 novembre
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