Du 18 au 26 août 2023, plus de 120 collectifs, syndicats et associations, dont Bassines non merci et la Confédération paysanne, nous invitent pour une randonnée cyclo–tracteurs depuis Sainte-Soline jusqu’à Orléans, devant le siège de l’Agence de l’eau.
par Pierre Grillet
L’objectif : exiger un moratoire sur les projets de bassines partout en France et l’amorce d’un véritable processus de dialogue, d’échange, d’analyse des documents scientifiques, pour mieux partager l’eau et stopper les accaparements, qu’ils soient autour de la ressource en eau, de la mainmise des terres agricoles par les exploitants industriels ou autour de l’artificialisation des sols… Avec un copieux programme d’informations, de rencontres et de festivités à chaque escale.
Le convoi, qui sera composé d’environ un millier de personnes et de quelques dizaines de tracteurs, partira dès le matin du 18 août du nord du département de la Charente (vers 9 h depuis la commune de Longré), sous l’égide du collectif Bassines Non Merci Aume Couture, qui se bat depuis 2021 pour le partage de l’eau et contre neuf projets de mégabassines soutenus par la préfecture. Ce convoi rejoindra Sainte-Soline aux alentours de 13 h (l’occasion pour voir où en sont les travaux de la mégabassine), puis la commune de Lezay, pour rejoindre Jazeneuil en fin de journée, première étape de ce périple. Outre une conférence de presse prévue à 14 h, la première soirée, ouverte y compris à celles et ceux qui ne sont pas inscrit-es pour le convoi, permettra de s’informer sur un projet de méthaniseur imposé par la préfecture et la DDT (Direction départementale du territoire) contre la population.
La deuxième étape fera escale, près de Poitiers, à Migné-Auxances, dans la Vienne, avec Bassines Non Merci 86. Une partie de la soirée sera consacrée au problème de l’accaparement des terres et de l’eau. Alors que tous les signaux concernant la ressource en eau dans ce département sont au rouge, les citoyens sont confrontés à un projet de réalisation de 30 méga-bassines fortement soutenu par la préfecture, qui fait fi des rapports scientifiques interrogeant le bien fondé de telles pratiques. Il sera aussi question de l’installation paysanne avec la participation de l’association Terres de liens et de cette aberration qui a vu très récemment la SAFER autoriser la reprise de la totalité d’une exploitation de plus de 2000 ha par une société agricole composée de trois exploitants. Une soirée qui se terminera néanmoins en musique…
La troisième étape, le 20 août, se conclura à Coussay-les-Bois, dans le nord du département de la Vienne. Une commune confrontée à l’installation d’une ferme usine (plus de 1200 taurillons) agrémentée d’un projet de méthaniseur… La soirée permettra d’apprécier le film Bienveillance paysanne, suivie d’un échange avec le public.
Dolus-le-Sec, dans l’Indre-et-Loire, accueillera l’étape du 21 août. Des accueils et ateliers seront proposés dans une ferme collective (sept paysans-nes associées y travaillent) autour des thèmes suivants : « la ferme collective : un levier pour l’installation paysanne ? » et « AMAP intégrale et sécurité sociale de l’alimentation ». La sécurité sociale de l’alimentation est un thème de réflexion indispensable pour permettre aux consommateurs les moins aisés d’avoir la possibilité de choisir leur alimentation (quel que soit leur revenu) et aux paysans petits producteurs d’avoir l’assurance (par le biais de conventionnements) de mieux écouler leurs produits.
Le convoi ira à Tours le 22 août, alors que des militants de Dernière rénovation seront jugés pour avoir jeté de la peinture sur la préfecture afin de dénoncer l’inaction climatique. Le rendez-vous est donné à partir de 11 h 30 au Palais de justice pour soutenir ces personnes. Une réflexion sera proposée autour de la répression de plus en plus marquée des militants. L’après-midi sera consacrée à la Loire, sur l’île de la Métairie, avec des sorties découverte et des rencontres avec des chercheurs, biologistes et militants concernant les différents problèmes rencontrés par ce fleuve et parmi lesquels les extractions de sable font partie des enjeux importants. On peut penser que les réflexions conduites actuellement pour donner une personnalité juridique à la Loire seront aussi abordées… Le bivouac est prévu sur la commune de Lussault-sur-Loire.
Non loin de Blois, Mer, dans le Loir-et-Cher en région Centre-Val de Loire, accueillera le convoi le 23 août. Les informations et discussions seront axées sur l’artificialisation des sols. Cette commune est confrontée à l’utilisation accrue de l’espace par la construction d’immenses entrepôts logistiques. Le 24 août, non loin de la centrale nucléaire de Saint-Laurent-des-Eaux, auront lieu des prélèvements d’eau.
Un rendez-vous est donné le 25 août à Orléans devant le siège de l’Agence de l’eau, qui finance pour une grande partie les bassines agricoles. Une demande de rencontre a été déposée afin d’envisager les suites à ce conflit autour de l’eau. Face à la situation actuelle, aux questionnements soulevés par le changement climatique et l’accumulation de données scientifiques remettant en cause les choix officiels, le collectif BNM et la Confédération paysanne croient à l’amorce possible (probablement indispensable) d’un dialogue ouvert, impliquant l’ensemble des citoyens et pas essentiellement les gros irrigants, sous réserve de l’application immédiate d’un moratoire : plus aucune bassine ne devrait être construite, ni terminée, plus aucun financement accordé, tant que le dialogue ne sera pas effectif et n’aura pas abouti.
Mais une telle organisation ne se terminera véritablement qu’à Paris (hors convoi), où le rendez-vous est pris pour le 26 août du côté de la Villette. Le programme parisien reste pour l’heure une surprise et ne devrait être dévoilé qu’au tout dernier moment. A suivre !
Un programme qui devrait motiver les JNE ! Pour tout besoin d’information (des modifs peuvent toujours avoir lieu), il est possible de me contacter p.grillet@wanadoo.fr et/ou de se rendre sur le site de Bassines Non Merci, ou de contacter collectif.bassines.non.merci@gmail.com
Photo du haut : les manifestations contre les bassines, l’accaparement de l’eau et pour le partage de la ressource attirent de plus en plus de monde malgré l’attitude répressive de l’État. Un moratoire stoppant la construction des bassines permettrait l’amorce d’une véritable réflexion associant l’ensemble des usagers. Et par-delà, de revoir en totalité l’utilisation de ces biens que l’on devrait qualifier de communs et qui nous sont indispensables pour vivre. Une véritable remise en cause de notre système actuel s’avère incontournable ! © Pierre Grillet