La COP27 s’est achevée à Charm el-Cheikh, en Egypte. Minablement. On savait depuis quelques COP que ces grands raouts internationaux n’accouchaient de pas grand-chose, mais on a atteint ici un niveau tel que l’on pourrait à juste titre se demander si une COP28 sera réellement utile.
par Philippe J. Dubois
Dans le tourment actuel de la guerre en Ukraine, les Occidentaux ont dégainé des arguments comme quoi on ne pouvait pas, provisoirement clament-ils, se passer d’énergies fossiles et de rouvrir des gisements de charbon que l’on croyait définitivement fermés. A se demander si la guerre en Ukraine n’a pas bon dos et qu’il suffisait du premier prétexte venu pour « (re)faire comme avant »…
C’est dire si, dans ce contexte compliqué, les engagements qui allaient sortir de la COP27 s’annonçaient comme modestes, mais de là à constater que c’est encore moins que peu, il y a un pas franchi en ce week-end de novembre, au moment même où s’ouvrait l’excellente Coupe du monde de football au Qatar (et en attendant les futurs Jeux asiatiques d’hiver en Arabie Saoudite) ?
Donc, et pour faire court, exit les objectifs de réduction des gaz à effet de serre, exit les résolutions concernant les énergies alternatives, exit les engagements concrets pour éviter l’effondrement de la biodiversité, exit l’objectif d’une augmentation de 1,5 ° C de la température mondiale d’ici 2100 (mais qui y a cru ?). Tout au plus, pourrait-on offrir des bouées de sauvetage et des canots de survie aux populations insulaires du Pacifique.
Combien de temps allons-nous continuer à observer cette politique des petits pas (chère au président Macron, comme à d’autres), pendant que la Terre a sans doute, voilà peu, passer un point de bascule qui nous mène vers un effondrement global de la biodiversité ? Combien de temps allons-nous mettre sous le tapis la problématique de la surpopulation et des migrations humaines considérables qui ne manqueront pas d’arriver (car qui peut croire que les Africains, notamment, pourront vivre longtemps avec des températures atteignant 50 ° C pendant des périodes de plus en plus longues, sans engager des migrations pour fuir ces lieux de mort) ? Combien de temps allons-nous rester anesthésiés comme des grenouilles dans une eau qui chauffe, sans être capable d’un ultime bond pour sortir de la casserole ?
Il nous faut passer à une vitesse supérieure et sans attendre la bénédiction de nos édiles et élus. La désobéissance civile, la rébellion, les actions de terrain, bref, la prise de conscience active des citoyens sont à présent les ultimes ressorts pour sauver ce qui peut l’être encore. De nombreux jeunes (qui ont bien des raisons d’en vouloir à leurs aînés) l’ont déjà compris. Un nombre croissant de scientifiques, las d’informer et de mettre en garde depuis longtemps déjà, s’organisent en collectifs actifs comme Scientist Rebellion ou Scientifiques en rébellion en France (auquel je suis heureux d’appartenir). Mais il faudra que demain d’autres collectifs se forment et dans tous les domaines ! Etudiants, agriculteurs, juristes, médecins, enseignants et tous les utilisateurs de la nature – c’est-à-dire nous tous.
Puissent les mois qui viennent, aussi compliqués qu’ils soient, permettre à chacun un examen de conscience et de réfléchir aux actions véritables qu’il convient d’engager à présent pour notre futur.
Image du haut: la COP28, qui aura lieu à Dubaï en 2023, a déjà son logo…