« Publicité : la surenchère du greenwashing » : c’est le titre de la première partie d’une des remarquables enquêtes de Reporterre, publiée aujourd’hui. Elle débute par un témoignage poignant de publicitaire* qui se demande douloureusement ce qu’il fait de sa vie. On attend la suite avec impatience, mais… Ça me rappelle un livre, paru en mars dernier, que je lis avec délectation tout doucement, chapitre par chapitre : Greenwashing, manuel pour dépolluer le débat public. Il montre à quel point le greenwashing est, certes, une affaire de publicitaires, mais surtout le bras armé d’une stratégie politique, économique et sociale destinée à ruiner toute velléité de faire autre chose que de continuer à foncer dans le mur productiviste.
J’aime bien la quatrième de couv, qui résume à peine l’immense intérêt du bouquin : « alors que l’enjeu écologique est décisif, nous avons un besoin urgent de clarifier les débats sur le sujet. Le greenwashing est ce qui nous en empêche. Évoquant tour à tour un verdissement de façade, la récupération d’un discours environnementaliste vidé de sa substance, la mise en place d’innovations aux effets « écologiques » douteux, il biaise le débat public et empêche des choix démocratiques éclairés. »
De la « croissance verte » à l’ « économie circulaire », des « énergies décarbonées » au « véhicule propre », en passant par la « ville durable », ce petit bijou « d’autodéfense intellectuelle » (je re-cite), écrit par trente-cinq scientifiques et spécialistes, révèle « les fausses promesses, les illusions rassurantes et l’enfumage » qui nous envoient dans le mur.
Ce manuel d’utilité publique est dirigé par Aurélien Berlan, philosophe, Guillaume Carbou, sociologue, et Laure Teulières, historienne, membres d’Atécopol, l’Atelier d’écologie politique, créé à l’automne 2018 à Toulouse, pour construire une communauté pluridisciplinaire de scientifiques travaillant ou réfléchissant aux multiples aspects liés aux bouleversements écologiques.
* Ce publicitaire vient d’arrêter la coke , ce qui me fait aussi penser à un autre de mes récents grands plaisirs de lecture : Cher connard de Virginie Despentes. Le fait d’arrêter la cocaïne sonne le glas de la gabegie dans laquelle un paquet de golden boys (et girls) se vautrent, à l’image de nous dans cette « société de l’abondance » (qui ne l’est pas pour tous, rappelons-le). Arrêter de consommer (ça et autre chose) est une façon de s’apercevoir de ce à quoi on participait activement.
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Éditions du Seuil, 256 pages, 19 € – www.seuil.com
Contact presse : Séverine Roscot. Tél.: 06 16 23 37 50 – sroscot@seuil.com
(Christel Leca)
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