Congrès français de la nature 2022 : des avancées et de nouveaux défis

Le Comité français de l’UICN (*) a organisé les 10 et 11 octobre 2022 son congrès annuel au ZooParc de Beauval (dans le Loir-et-Cher), en présence de la secrétaire d’Etat à l’Écologie, Bérangère Couillard. L’événement a été l’occasion de dresser le bilan, un an après, du Congrès mondial de la nature de l’UICN qui s’était tenu à Marseille en septembre 2021, où les JNE étaient présents, et qui avait adopté 137 résolutions sur les grands enjeux de la préservation de la nature. Lors du congrès français de cette année, plusieurs avancées ont été présentées, mais aussi des défis à relever rapidement.

par Christine Virbel Alonso

Le Congrès mondial de Marseille avait débouché sur de nouvelles coopérations, notamment entre le Comité français et des pays méditerranéens et des pays francophones d’Afrique. Il avait également été le lieu de plusieurs sommets internationaux : de la jeunesse, des peuples autochtones et des chefs d’entreprises (durables ou souhaitant le devenir). Il avait aussi été l’occasion de demander de mieux recourir aux Solutions Fondées sur la Nature pour lutter contre les effets du changement climatique.

Lors du Congrès français de cette année, plusieurs avancées ont été présentées, comme la préparation d’un projet de loi « Une seule santé » pour conjuguer santé humaine, santé animale, et santé environnementale afin d’éviter l’apparition de maladies émergentes. Autre avancée : la protection des vieilles forêts inscrites en priorité au niveau national et européen, qui fait l’objet d’un nouveau plan national d’action « vieux bois et forêts subnaturelles » suite aux Assises nationales de la forêt. Les participants ont aussi appris que la proposition de 10 recommandations pour mieux lutter contre le trafic d’espèces sauvages et la criminalité (notamment la viande de brousse), diffusée récemment par le Comité français auprès des députés, a reçu un accueil favorable puisque plusieurs d’entre eux soutiennent un projet de loi et ont formulé des questions écrites au gouvernement. Par ailleurs, le Congrès a rappelé qu’un moratoire sur l’exploitation minière des grands fonds marins a été demandé et qu’un traité pour la protection de la haute mer a été soutenu par le président de la République le 30 juin dernier lors de la conférence de l’ONU sur les océans à Lisbonne. Le Comité avait émis un avis pour mettre en garde contre les graves dégâts que risquait de provoquer une exploitation des grands fonds marins. Pendant le Congrès, Bérangère Couillar, a également annoncé que 150 millions d’euros seront consacrés à la protection et à la restauration de la biodiversité dans le cadre du fonds vert d’accélération de la transition écologique dans les territoires.

Alors que les prochains mois verront se tenir de nombreuses conférences internationales (COP Ramsar sur les zones humides, COP 27 sur le climat, COP 19 de la CITES sur le commerce illégale d’espèces menacées, COP 15 biodiversité), le Comité français a appelé la France à jouer un rôle clé pour prendre des engagements ambitieux et les traduire rapidement par des actions concrètes, en particulier au sein de la nouvelle stratégie nationale pour la biodiversité. Comme l’a rappelé la présidente du comité français, Maud Lelièvre, « le climat, la nature et l’humanité sont indissociables ». Plusieurs voix se sont d’ailleurs élevées lors du congrès pour dire qu’il est temps de penser autrement nos façons d’interagir avec le monde vivant. Le défi est lancé.

(*) Créée en 1948 à Fontainebleau, l’UICN est la seule organisation environnementale ayant le statut d’observateur auprès de l’ONU. L’UICN permet à ses membres et experts (biologistes, économistes, juristes…) de collaborer au niveau international afin de partager leurs connaissances et leurs actions sur la biodiversité. Le Comité français de l’UICN est une ONG habilitée à prendre part au débat sur l’environnement se déroulant dans le cadre des instances consultatives nationales. Il regroupe actuellement 2 ministères, 13 organismes publics, 47 organisations non-gouvernementales, ainsi qu’un réseau de plus de 250 experts au sein de commissions thématiques et de groupes de travail.

 

Photo du haut : le congrès du Comité français de l’UICN au ZooParc de Beauval, les 10 et 11 octobre 2022.