Voici le compte-rendu d’une conférence de presse et d’une réunion publique tenues le 6 novembre 2021 dans l’Yonne par l’association Les Terres du Serein.
par Caroline Pelé
L’association Les Terres du Serein s’est créée en avril 2021 pour sauvegarder le patrimoine et la biodiversité autour de Montréal et de la vallée du Serein dans l’Yonne. L’un de ses chevaux de bataille actuels est la mobilisation contre le projet d’exploitation d’une carrière de calcaire, abandonnée depuis 15 ans, située à 3 km du village médiéval de Montréal (site remarquable). Mais aussi à 300 mètres du château de Monthelon, haut lieu de résidence artistique, et à 800 mètres du domaine Saint Jean, qui accueille chaque année un millier d’enfants en vacances. Les habitants s’inquiètent fortement de la remise en exploitation de cette carrière projetée par le groupe EQIOM, qui serait pour une concession de 25 ans et sur une superficie de 5 hectares (dix fois plus que l’étendue de l’ancienne carrière).
Le site de l’ancienne carrière héberge un écosystème remarquable. Il est situé à la jonction de trois ZNIEFF (Zones d’Intérêt Écologique Faunistique et Floristique), constituant de facto un corridor écologique. Cette zone abrite entre autres des cigognes noires, des pipistrelles, des rainettes vertes, des grands ducs et d’autres espèces vulnérables. Or, les poussières, les dynamitages pour faire sauter la roche et les ondes générés par les engins, ainsi que le ballet des allers-retours des camions risquent de générer des nuisances sur tout cet écosystème ainsi que sur les multiples sources présentes en sous-sol. Sans compter qu’EQIOM parle aussi de façon très succincte et trop peu détaillée d’enfouir également des déchets dits « inertes » dans le sous-sol du site. Et pourtant, aucune étude d’impact n’a été publiée par EQIOM (dans son rapport de 300 pages) sur les conséquences aquifères de cette exploitation de carrière de calcaire et d’un éventuel enfouissement de déchets. Autre conséquence potentielle : le vieux pont médiéval de Montréal risque de mal supporter la surcharge du trafic routier qui serait induite. De même, la destination des granulats de calcaire extraits ainsi que la provenance des déchets (issus des travaux du Grand Paris ?) destinés à être enfouis ne sont pas détaillées par Eqiom. Autant d’éléments peu transparents remontés par l’association au Commissaire enquêteur, qui a malgré tout rendu un avis favorable à ce projet de remise en exploitation de la carrière. Les Terres du Serein ont donc réalisé une contre-enquête, présentée en réunion publique ce 6 novembre, afin d’alerter le préfet sur les dangers du projet d’EQIOM pour les habitants et la nature. Le préfet doit encore entendre la Commission départementale nature, paysage et sites (CNDPS) avant de rendre son avis, probablement courant janvier 2022. L’association a déjà averti qu’en cas d’avis favorable du préfet, ils n’en resteraient pas là.
Photo du haut : le site de l’ancienne carrière de calcaire de Montréal (Yonne) que le groupe EQIOM veut remettre en exploitation © Les Terres du Serein