Dans une chronique intitulée « Carte blanche » sur France Bleu Isère, Jean-François Noblet, membre des JNE, naturaliste auteur de nombreux livres, a mis en cause l’autorisation de chasser dans la réserve des hauts plateaux du Vercors délivrée par le Conseil départemental de l’Isère. Suite à la diffusion de l’émission, la station de radio a mis fin aux chroniques que Jean-François Noblet tenait trois fois par mois et a supprimé le replay de cette dernière chronique. Voici le texte dans lequel Jean-François Noblet explique pourquoi il s’oppose à la chasse dans cette réserve naturelle.
Non à la chasse dans la réserve naturelle des Hauts plateaux du Vercors
par Jean-François Noblet
En 1990, le Conseil départemental de l’Isère a acheté 4000 hectares sur les communes de Gresse et de Chichilianne (38) sur les hauts plateaux du Vercors, au centre de la plus grande réserve naturelle nationale de France continentale (17 030 ha). Compte tenu des diverses infractions à la pratique de la chasse sur ce terrain, le Conseil départemental a fermé la chasse sur ce terrain en 1992.
Le 31 mai 2021, le Conseil départemental a fait adopter une délibération discrète ouvrant la chasse sur ce terrain en accordant sa gestion à une association dénommée Amicale des agents du département chasseurs de l’Isère, ouverte uniquement à des fonctionnaires du département chasseurs ainsi qu’à des élus et invités. On remarquera que selon les statuts de cette association officiellement déclarée le 19 juin 2021, le président du CDI est seul juge pour les adhésions à cette association. Plusieurs associations, dont la Fédération des amis et usagers du PNR du Vercors, la LPO AuRA, FNE38, Vercors Nature, protestent contre cette décision qui met devant le fait accompli le Parc Naturel Régional du Vercors qui gère la réserve naturelle.
Une dizaine d’élus du Conseil départemental dénonce cette procédure qui s’apparente à une chasse présidentielle.
Etant l’un des artisans, avec Robert Beck de Vercors Nature, de la création de cette réserve, j’ai alerté le Conseil National de Protection de la Nature (CNPN). Ce territoire est classé Espace Naturel Sensible, RNN, Zone Natura 2000, ZICO et ZNIEFF. L’argument du vice-président du Conseil départemental, Fabien Mulik, chasseur, qui est à l’origine du problème, serait que les cerfs et les sangliers feraient des dégâts dans la forêt du site. Or il n’y a pas d’exploitation forestière sur ce site depuis son achat, des loups se reproduisent sur ce territoire et le conseil scientifique de la réserve a toujours demandé une étude préalable (évaluation des populations de cerfs, constat de dégâts et nécessité d’intervention humaine plutôt que laisser la libre évolution). En effet, les scientifiques constatent que l’ensemble de la réserve naturelle se boise et que les espèces des espaces ouverts périclitent. Dans ce sens, les dégâts de cerfs sont bienvenus.
Dans les documents de l’Amicale des agents du département chasseurs de l’Isère, il est écrit qu’elle va demander la modification du règlement actuel de la réserve naturelle pour permettre l’accès de véhicules 4X4 au-delà des pistes et parkings autorisés et permettre l’usage de chiens de chasse. La LPO AuRA est opposée à toute modification du règlement de la RNN qui autoriserait de nouveaux parkings de chasse et des routes d’accès à ces parkings.
Dans le cadre de Natura 2000 se pose la question d’une mise à jour de l’étude d’incidence qui prend en compte l’activité de chasse sur ce territoire de 4 000 hectares sur les 17 030 hectares de la RNN, territoire qui jusqu’à présent était une zone réservoir de biodiversité. Les dérangements liés à cette activité seront source de perturbation pour l’ensemble de la faune.`
Pour en savoir plus
France Nature Environnement Isère
MNEI, 5 place Bir-Hakeim
38000 Grenoble
isere@fne-aura.org
www.fne-aura.org/isere
Photo en haut : réserve naturelle des Hauts plateaux du Vercors © Jean-François Noblet