En principe, l’argent public est destiné à des missions d’intérêt public. Pour le candidat Bertrand, il était donc prioritaire de donner aux gentils chasseurs des subventions autrefois dédiées aux vilains écolos. À cause de cette politique des fusils, les associations de protection de la nature sont exsangues, et elles appellent à l’aide.
par Marc Giraud
Tout comme Laurent Wauquiez en Auvergne-Rhône-Alpes, dans les Hauts-de-France Xavier Bertrand s’est cherché les bonnes grâces du lobby chasse, qui ne manque pourtant pas d’argent, en lui versant des subventions dont il a privé des associations de protection de la nature. Résultat : des salariés licenciés, des actions annulées, et des structures qui déposent le bilan, avec tout ce que ça implique sur le terrain, notamment en termes de soins à la faune sauvage blessée qui ne se feront pas. Quant à savoir ce que les heureux bénéficiaires ont produit grâce à cette manne inattendue, les associations peinent à trouver des projets constructifs pour la société et pour le patrimoine naturel (1).
Un exemple de ce que subissent les associations citoyennes : aujourd’hui, le GDEAM (Groupement de défense de l’environnement de l’arrondissement de Montreuil-sur-Mer) commence sérieusement à prendre l’eau, et a lancé une cagnotte de soutien. Le grand tort de cette association est de s’opposer parfois aux lobbies de la chasse ou du béton, avec quelques beaux succès juridiques contre l’urbanisation des espaces naturels et du littoral en particulier, que des élus, aussi conseillers régionaux, ne lui pardonnent pas. Bref, des écolos extrémistes qui voudraient faire respecter la loi, et qu’il faut absolument museler. D’après son directeur Marc Everard, « le GDEAM a perdu une affaire en appel, et le Conseil régional nous réclame le remboursement de 44 344 euros que le Tribunal administratif nous avait accordés à titre indemnitaire. Or, l’association sort exsangue financièrement de la période Covid. Notre principale source de fonds propres vient de nos activités avec les écoles (classes de mer notamment) et les centres de loisirs (25 000 à 30 000 euros/an). Or, ce volet d’activités est à l’arrêt depuis deux ans. Le fonds de solidarité gouvernemental a été bon à prendre, mais il n’a pas changé fondamentalement les choses tant les sommes sont en décalage. L’association étant complètement à sec, elle ne peut plus rembourser la Région ».
Il reste trois mois à compter du 11 juin pour trouver les liquidités nécessaires, sinon c’est la liquidation judiciaire qui attend le GDEAM. Pour Marc Everard, la Région ne lui fera pas de cadeau « car c’est précisément depuis 2016, arrivée de Xavier Bertrand et ses alliés chasseurs, un objectif invariable : tuer le GDEAM. Il est revendiqué par un panel d’élus chasseurs ou bétonneurs ». L’association cherche donc des soutiens individuels, associatifs, entreprises… ou des relais médiatiques ! Xavier Bertrand, lui, ne cherche plus de soutien : il a celui de Willy Schraen, le chef d’escadrille des chasseurs, qui vient de politiser leur loisir et leur fédération.
(1) « Monsieur Bertrand, qu’avez-vous fait avec cet argent distribué aux chasseurs ? », Laurie Moniez, Mediacités, 14 mai 2021.
Les actions du GDEAM présentées ici dans le Journal de Montreuil.
Sur les chasseurs présents dans les élections, une enquête détaillée de l’ASPAS.