Adopte un virus.com. Quand les microbes passent de l’animal à l’homme par François Moutou (JNE)

Sachant que la Covid-19 est une zoonose, et que jusqu’au XXIe siècle, les coranavirus étaient beaucoup mieux connus des vétérinaires que des médecins, on ne peut que déplorer l’absence quasi totale, sur les plateaux télé, de vétérinaires comme François Moutou, capables de nous faire prendre de la hauteur sur l’actualité immédiate et anthropocentrique. Docteur vétérinaire et épidémiologiste, notre confrère François Moutou a beaucoup à nous apprendre, et il le fait dans ce livre d’une façon limpide, érudite et riche en révélations.

Après une présentation nécessaire des notions de base (différence entre maladies infectieuses, contagieuses ou transmissibles, par exemple), il nous plonge dans nos propres organismes, et dans la grande histoire des êtres microscopiques. Puis vient l’impact des activités humaines sur les zoonoses : la démographie, le développement de l’agriculture, la déforestation, le changement climatique. Même des plantes peuvent être vectrices d’agents infectieux, comme le montre l’introduction en Afrique du mezquite mexicain et son rôle dans la propagation du paludisme. La fonte du pergélisol fait ré-émerger de nouveaux micro-organismes, dont certains sont inconnus de la science, pas forcément pathogènes mais à surveiller. Avec les NAC, le commerce des animaux provoque aussi la circulation des zoonoses : on estime qu’entre 2000 et 2013, les États-Unis ont introduit sur leur territoire 11 milliards d’animaux exotiques vivants, dont 27 % de mammifères ! Quant à la viande de brousse, une estimation évalue une moyenne de 1 kilo de viande par bagage à main et par voyageur dans des avions en provenance de certaines régions tropicales… Autre info surprenante : un renne victime de MDC (maladie de dépérissement chronique) des cervidés, un prion présent uniquement sur le continent américain, a été trouvé en 2016 en Norvège. Le soupçon se porte sur les chasseurs, qui achètent des flacons d’urine animale pour camoufler leur odeur… La dernière partie du livre, tout aussi passionnante, relate les grandes zoonoses qui ont marqué et qui marquent encore l’humanité avec la Covid-19.

Il est souvent dit sur les plateaux télé (ceux qui n’invitent jamais de véto) que la pandémie a mis à mal l’économie. Ne serait-ce pas plutôt cette économie sourde aux phénomènes du vivant qui nous a conduits à la pandémie ? Ce livre indispensable nous donne des arguments sur la réponse.


Éditions Delachaux et Niestlé, 192 pages, 16,90 € – www.delachauxetniestle.com
Contact presse : Julia Bocquin. Tél. 01 70 96 87 81 et 07 61 74 35 45 – jbocquin@lamartiniere.fr
(Marc Giraud)