La politique algérienne des énergies renouvelables annoncée en février 2011 et qui avait toutes les peines du monde à être appliquée, ainsi que la greffe appelée Desertec qui allait lui être pratiquée en mai dernier, ont été effacées par des petites phrases lancées par les nouveaux ministres de l’Energie, Abdelmadjid Attar, et de la Transition énergétique et des Energies renouvelables, Chems Eddine Chitour.
par M’hamed Rebah
L’un a exécuté en quelques mots le projet Desertec au moment où il semblait refaire surface : « Je ne sais pas ce que c’est Désertec, vraiment je ne sais pas, on a trop fabulé sur ce Desertec », a déclaré le 21 juillet 2020 à la radio algérienne (chaîne en français), Abdelmadjid Attar, moins d’un mois après sa nomination comme ministre de l’Energie. Le 31 août, il confirmait son propos en demandant aux journalistes qui parlent encore de Desertec, d’oublier ce projet. « Il est dépassé », a-t-il précisé en prenant, cette fois, le temps d’expliquer : « le Projet Desertec c’était avant, en 2010, quand il avait proposé à l’Algérie des investissements dans les énergies renouvelables, dans le but de nous vendre les équipements et la technologie pour l’exploitation des énergies renouvelables, en contrepartie, ils voulaient le gaz algérien ».
Chems Eddine Chitour s’est chargé, pour sa part, de classer l’ambitieux programme de développement des énergies renouvelables. Il appartient « au passé », a-t-il dit. A la radio algérienne (chaîne en langue française), lundi 24 août 2020, il avouait ne rien savoir – « franchement », a-t-il insisté – des 4000 mégawatts d’électricité qui devaient être produits par des centrales solaires photovoltaïques, selon le projet présenté, en mai 2020, au gouvernement par l’ancien ministre de l’Energie, Mohamed Arkab, à un moment où Chems Eddine Chitour était son collègue dans l’Exécutif, comme ministre de l’Enseignement supérieur.
Notre confrère El Watan (23 mai 2020, article de Zhor Hadjam) avait rendu compte du communiqué du gouvernement répercuté par l’APS (Algérie Presse Service), qui donnait les détails concernant ce projet : « dénommé «Tafouk 1», il comprend la réalisation de centrales solaires photovoltaïques d’une capacité totale de 4000 MW sur la période 2020-2024, réparties sur une dizaine de wilayas et mobilisera une surface totale de 6400 hectares environ ». Se référant toujours au communiqué officiel, la journaliste d’El Watan précisait que la réalisation de ce projet permettrait « de se positionner sur le marché international à travers l’exportation de l’électricité à un prix compétitif, ainsi que l’exportation du savoir-faire dans ce domaine ».
Décrit comme un mégaprojet inscrit « dans le cadre de la transition énergétique qui est au cœur du plan d’action du gouvernement pour les prochaines années », il devait « créer 56 000 postes d’emploi pendant la phase de construction et 2000 autres durant l’étape d’exploitation ». L’article rappelait les objectifs du gouvernement de « porter la production des énergies renouvelables à 4000 mégawatts à l’horizon 2024 et à 16 000 mégawatts à l’horizon 2035 afin de permettre une économie de près de 240 milliards de m3 de gaz naturel outre un développement efficient du tissu des Petites et moyennes entreprises (PME), spécialisées dans la fabrication des composantes des énergies renouvelables ». Effet d’annonce ? Ce projet ne verra donc pas le jour.
Cet article a été publié dans La Nouvelle République (Alger) du dimanche 13 août 2020.