Le parc national de Yok Don au Vietnam a abandonné les balades à dos d’éléphants. Une opportunité pour les touristes de découvrir cet animal dans son environnement naturel et de participer ainsi à un tourisme éthique garant de méthodes non violentes pour les animaux.
par Michel Cros
Bon anniversaire aux éléphants du Parc national de Yok Don au Vietnam, qui accueille depuis un an les « heureux » pachydermes pour un tourisme éthique.
Une initiative pionnière dans ce domaine entre Animals Asia, le Olsen Animal Trust * et l’Etat vietnamien qui gère le Parc national dans la province de Dak Lak.
Depuis que cet accord officiel a été signé le 13 juillet 2018, les éléphants Bun Kham, Y Khun, Thong Kgan, Hnon, puis tout récemment P’Lu et Bun Kon n’ont plus à transporter de personnes sur leur dos pour satisfaire les touristes venant au Vietnam. Un contrat positif souligne Dave Neale, directeur du bien-être animal d’Animals Asia. « Au lieu, dit-il, de contraindre les éléphants avec des chaînes pour qu’ils puissent être montés par les visiteurs, les touristes suivront, observeront et apprendront comment ces animaux étonnants vivent et se comportent réellement dans leur maison forestière».
Un récent article publié par le Monde relatant l’étude de l’ONG World Animal Protection est sans équivoque. Les balades à dos d’éléphants font parti des dix activités touristiques les plus cruelles pour les animaux sauvages en captivité, qui sont hélas ignorées du grand public attiré par un tourisme de divertissement.
En effet, alors que le label bien-être animal se développe en Occident, il semble difficile pour les tours-opérateurs, soucieux de rentabilité, d’en faire leur accroche publicitaire. Faut-il incriminer les agences ou l’ignorance citoyenne qui méconnaît les méthodes de dressage des animaux sauvages… ?
Force est de constater un besoin urgent d’information dans ce domaine. La situation aurait été catastrophique sans l’action d’ONG comme Animals Asia qui travaille depuis plusieurs années à sensibiliser les mentalités à la protection animale.
Car tout n’a pas été « rose » pour les éléphants vietnamiens. Le pays qui en comptait 2000 en 1990 en comprendrait seulement entre 100 et 150 aujourd’hui à l’état sauvage (population totale de l’espèce donnée officiellement par l’administration des forêts du Vietnam). Ce qui compromettrait ainsi la pérennité de l’espèce, selon les experts en environnement. Que s’est-il passé ?
Si le braconnage, éradiqué depuis, a eu certes son impact, cette chute vertigineuse s’explique surtout par la réduction de l’habitat du pachyderme, résultat d’une déforestation pour l’exploitation forestière et l’agriculture, précise Animals Asia. Dans la province du Dak Lak, connue pour son attrait touristique pour les balades à dos d’éléphants, la population de cet animal serait encore de 40 individus captifs.
D’où la création en 2013 du Centre de conservation des éléphants au Vietnam où Animals Asia travaille en partenariat avec l’État pour une meilleure gestion et reconnaissance de la condition animale.
Pour Dionne Slagter, manager du bien-être animal, le bilan est plus que satisfaisant : « Les changements que nous avons observés chez les éléphants tout au long de ce processus sont énormes. Ceux-ci sont bien portants, ils sont en bonne santé, leurs yeux sont clairs, leur peau est belle et épaisse, pas de piqûres de parasites, pas de blessures, pas d’égratignures. Ces éléphants, ici dans le parc national Yok Don, sont les plus sains du Vietnam ».
Et pour son directeur David Neale, le challenge s’annonce plus que prometteur : « En cas de succès, ce programme d’éco-tourisme sans cruauté animal pourrait devenir un modèle à suivre (…). C’est un modèle où les éléphants, les cornacs et les touristes sont tous gagnants ».
Reste à sensibiliser l’opinion publique pour un écotourisme éthique, qui reste encore trop oublié des programmes des tours-opérateurs avides de sensationnel.
Quitte à boycotter les agences de voyage qui ne respectent pas cette nouvelle ligne de conduite, plus en accord avec notre temps. La vie de chaque espèce en liberté est inestimable pour la survie du vivant sur la planète.
PS : A la une de Nature Géosciences, une équipe internationale de chercheurs vient de mettre en évidence la réduction des stocks de carbone dans la biomasse lié au déclin des éléphants de forêt.
* Olsen Animal Trust a été créé pour aider des organisations et des individus partenaires à mettre fin à la cruauté et à l’exploitation des animaux, à améliorer le bien-être des animaux et à conserver la faune dans son habitat naturel. L’organisme de bienfaisance, créé en 2015, s’inspire de l’amour de la famille Olsen pour tous les animaux.