La vigne est devenue un végétal mené à la baguette, attaché, taillé, épampré, effeuillé, mis au carré par souci de productivité, vivant encore souvent sur sol nu, dans une monoculture impeccable. Pourtant la vigne est une liane, un végétal social, naturellement exubérant, doté de vrilles pour s’agripper solidement sur ses voisins, et capable de mouvement dans son espace. Des illustrations des XII et XIIIème siècles montrent la vigne grimpée dans des arbres. Les auteurs, tous les deux ingénieurs agronomes, nous racontent l’histoire de la vigne domestiquée dans le Caucase puis progressivement disséminée hors des forêts. De grands brassages ont finalement constitué l’incroyable patrimoine variétal viticole. Nul autre végétal n’est aussi divers dans ses productions : 5000 cépages subdivisés en multiples clones, lesquels, soumis aux effets des sols, des climats, des savoir-faire et de la créativité des vignerons et œnologues, ont abouti à une diversité inquantifiable de vins produits sur plus de sept millions d’hectares à travers le monde.
De tout temps, la vigne a eu ses plantes compagnes, celles qui vivent directement près d’elle comme le pêcher ou les poireaux mais aussi celles comme le chêne pour les fûts ou l’accacia pour les piquets. La première partie du livre est consacrée à ce compagnonnage historique; la seconde au compagnonnage écologique qu’il est urgent de mettre en pratique. D’ores et déjà, l’herbe a fait son retour dans de nombreuses parcelles. Des légumineuses, des plantes dépolluantes comme l’arabette de Jaller, le silène humble, la vesce jaune intermédiaire et la cardaminopsis de Haller sont également préconisées. On attend les arbres. L’agroforesterie viticole arrive à tout petit pas. La troisième partie rassemble 25 portraits de plantes compagnes de la vigne. Un livre tout à fait passionnant.
…
Éditions du Rouergue, 272 pages, 29,50 € – www.lerouergue.com
Contact presse : Noémie Sauvage. Tél.: 01 55 42 63 17 – noemie.sauvage@lerouergue.com
(Danièle Boone)
…