7 février 2018. L’association Métamorphose Outremers, née à l’initiative de deux journalistes cherchant à mieux faire connaître les territoires ultramarins par le monde de l’Hexagone, organise un colloque sur le désenclavement des territoires ultramarins, avec un sous-titre un tantinet provocateur « la France rayonne sur les mers par ses outre mers ».
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par Dominique Martin Ferrari
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Titre provocateur, mais déjà moins osé que le titre de la précédente rencontre qui s’est déroulée à l’Assemblée nationale le 23 novembre « la France géant des mers ».
En fait, face à l’offensive économique qui se dessine sur l’océan nous nous sommes posés cette question : comment réussir le pari, prôné à juste titre par Macron, de faire naître un réflexe outremer au sein de chaque ministère ? Notre réponse : en les secouant et en mettant autour d’une même table les réflexions scientifiques, économiques, environnementales et de défense de ce bien commun qu’est l’océan et qui est le monde du « vivre avec » des territoires ultra marins.
Quelques cinquantaines de documentaires et une dizaine d’années d’investigation plus tard, je reste persuadée que nos compatriotes appréhendent mal ces territoires dont à la fois ils ne veulent rien connaître « parce qu’ils ne sont pas colonialistes » et en même temps n’hésitent pas à revendiquer « ce qui est bon et juste pour eux ». Malgré le soutien des associations de journalistes spécialisés dans l’environnement (NDLR : dont les JNE), on pouvait regretter à cette manifestation, l’ absence de participation des confrères et bien sûr des commentaires sur une démarche cache sexe d’un reliquat de colonialisme. Pourtant l’outremer, ce sont cinq départements et régions spécifiques, représentées par des députés et des sénateurs, qui décident de leur sort. Revendications d’autonomie et d’indépendance ne relèvent-elles pas d’abord de leur responsabilité ? Car on peut prendre la question à l’envers. Qui est le colonialiste ? Ce politique ou cet écolo qui revendique 80 % de biodiversité ? La 2e place de puissance maritime ? Le plus grand territoire corallien du monde ? La seule forêt tropicale européenne ? Peut-on accepter comme je le vois à chaque négociation internationale que la France se vante de toutes ces richesses, et tolérer les 30 % de chômeurs en Guyane, à la Réunion, le sous-développement de Mayotte ?
Les mêmes qui, à juste titre, vont s’élever contre un projet pharaonique de mine d’or à ciel ouvert ne chercheront pas à régler la question de l’orpaillage clandestin et du juste droit de la Guyane à profiter de ses richesses. Ceux qui protègent atolls et coraux du Pacifique ne se préoccuperont pas de l’offensive chinoise sur les mers locales et de la surpêche. L’objet de cette rencontre, comme de celles qui l’ont précédée, est de chercher des solutions. La mer sera-t-elle l’eldorado du XXI° siècle comme l’espèrent certains ? Entre le sous cloche et le développement sauvage, entre les ambitions locales et les règles internationales, il convient de trouver une solution pour aider ces cinq régions outre mer à mieux vivre. Les interrogations posées par la journée du 7 février sont une goutte d’eau, mais si nous ne cherchons pas à écouter les demandes, nous ne pourrons entendre les justes revendications, les soutenir, et nous resterons dans l’idéologie bien loin du réel.
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