Le 8e Salon international des énergies renouvelables, des énergies propres et du développement durable (Era), qui s’est tenu à Oran du 23 au 25 octobre 2017, a permis, comme ses éditions précédentes, à la fois, de faire le point sur les capacités nationales dans ces domaines, et de donner aussi, cette année encore mieux, la mesure des potentialités qui s’affirment.
par M’hamed Rebah
La présence des jeunes et des étudiants a été remarquable comme exposants, dans les stands de leurs micro-entreprises, de l’Université des sciences et de la technologie Mohamed Boudiaf et de l’Ecole polytechnique Maurice Audin. Ils ont également constitué une bonne proportion parmi les milliers de visiteurs qui ont fréquenté durant les trois jours le Salon Era, organisé par Myriade Communication. Leur forte participation est significative de l’intérêt des jeunes algériens pour les énergies renouvelables, déjà noté en d’autres occasions. Il suffit de rappeler qu’à l’Ecole nationale polytechnique d’Oran Maurice Audin (ENPO-MA), le cours inaugural de la rentrée 2017-2018, présenté par le Professeur Khiat Mounir, a porté sur « énergies renouvelables: état des lieux et perspectives ».
Des étudiants du Laboratoire de Fabrication FabLab de l’ENPO-MA ont obtenu le prix du meilleur impact sociétal, avec la Poubelle Intelligente (Probelle), et le prix du meilleur produit de l’année 2017, grâce à leur Détecteur Intelligent de Gaz, dans le cadre de la compétition Injaz El Djazair 2017. Présente au 8e Salon Era, une micro-entreprise, appelée Clean Touch, créée cette année dans le cadre d’Injaz El Djazair par des étudiants de l’ENPO-MA, s’est spécialisée dans la gestion intelligente des déchets urbains. C’est elle qui a mis au point le concept innovant de la poubelle intelligente destinée à faciliter la gestion des déchets qui, de plus en plus, prend les dimensions d’une mission impossible dans la plupart des villes algériennes. La poubelle intelligente fait le compactage des ordures pour en réduire le volume et élimine les odeurs. Les jeunes dirigeants de cette entreprise ont l’ambition d’aider les gestionnaires des villes à collecter les déchets et à réduire les coûts opérationnels en éliminant les prises de commandes inutiles, en fournissant des itinéraires de collecte dynamiques et des horaires pour une optimisation complète des opérations de collecte. Ils expliquent que l’optimisation des trajets et des horaires de collecte des déchets est basée sur des données chronologiques en temps réel. Des analyses prédictives permettent de prendre judicieusement des décisions préalables.
Selon eux, cette solution intelligente de logistique de gestion des déchets réduit la fréquence de collecte d’une manière considérable, ce qui permet d’économiser le carburant, la main-d’œuvre et les coûts d’entretien des parcs. Son but : répondre au besoin pressant exprimé par les Algériens de voir leurs villes plus propres et plus saines. Les jeunes dirigeants de Clean Touch font remarquer que « dans les zones à forte concentration de population, une génération rapide de déchets conduit très souvent à un débordement des poubelles et à des rues très sales ». La solution qu’ils proposent « permet au personnel de collecte de déchets d’être informé des niveaux de remplissage en temps réel et de recevoir des notifications de débordements de déchets ».
Autre avantage de cette solution intelligente : « un minimum de camions de collecte en circulation et des temps de collecte plus courts, d’où une réduction de l’émission de gaz à effet de serre, de la pollution sonore et de la surcharge des routes ». La poubelle intelligente est dotée d’un panneau solaire pour son alimentation en énergie et d’un système de localisation et de commande à distance. Les jeunes qui ont exposé au Salon Era ou l’ont visité ne semblent pas découragés par les échecs de la démarche des pouvoirs publics dans la gestion des déchets ménagers ni par les hésitations dans la réalisation du programme national des énergies renouvelables. Apparemment insensibles au sempiternel débat sur le mauvais « climat des affaires », qui sert parfois de prétexte pour justifier l’inaction, les jeunes promoteurs se déclarent, pour leur part, motivés par la volonté de servir l’Algérie, et laissent percevoir dans leurs paroles et leurs comportements, qu’ils ont bien l’intention de bousculer les mauvaises habitudes et de ne pas se laisser piéger par la routine des aînés.
Cet article a été publié dans La Nouvelle République (Alger) du lundi 30 octobre 2017. M’hamed Rebah a assuré la partie cycle de conférences (préparation et modération) du Salon sur les énergies renouvelables, énergies propres et développement durable (Oran, du 23 au 25 octobre 2017). Des informations sur ce salon sont sur www.era.dz