Une nouvelle politique énergétique se dessine en Algérie, annoncée par la décision d’abandonner le gaz de schiste et par la confirmation de la priorité donnée au développement des énergies renouvelables.
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par M’hamed Rebah
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Cela a été dit clairement par le ministre de l’Energie, Noureddine Boutarfa, en marge d’une conférence animée, à la mi-avril, à l’Ecole des hautes études commerciales de Koléa (près d’Alger) sur le programme national des énergies renouvelables.
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Sur l’option gaz de schiste, le ministre lève ainsi une incertitude alimentée par des déclarations officielles parfois contradictoires faisant suite aux manifestations organisées au début de l’année 2015 à In Salah (dans le Sahara) où la population était sortie pour exiger la fermeture d’un puits d’exploration foré, en juin 2012, dans le bassin d’Ahnet, et destiné à évaluer le potentiel pour vérifier si, vraiment, l’Algérie possède l’un des plus importants gisements de gaz de schiste dans le monde. Car, en fait, l’état réel des réserves de gaz de schiste est la grande inconnue. Ce sont les données géologiques des sols qui ont permis de fournir de premières estimations et il y a des experts qui pensent que, pour l’Algérie, elles ont pu être « gonflées ».
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A In Salah, la population a demandé et, visiblement, obtenu, un moratoire sur le gaz de schiste en attendant d’avoir des preuves sur leur absence de nocivité. La fracturation hydraulique qui est jusqu’à présent la seule technologie disponible pour le produire fait l’objet d’importantes critiques à cause de son impact sur l’environnement et des grandes quantités d’eau qu’elle exige. Mais la décision annoncée par Noureddine Bouterfa de mettre de côté le gaz de schiste découle avant tout de considérations économiques liées, sans doute, comme l’ont souligné déjà des experts algériens qui ont eu à se prononcer sur ce sujet, à des coûts élevés et une rentabilité incertaine, dans des conditions globales inopportunes. En fait, aucun élément ne plaide en faveur de l’option gaz de schiste alors que rien ne presse pour y aller. « L’Algérie n’a pas besoin actuellement de gaz de schiste », a dit le ministre. Il n’y a aucune urgence. Les hydrocarbures conventionnels ne sont pas encore finis et le programme des énergies renouvelables est lancé.
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Les ambitions énergétiques de l’Algérie sont maintenant rattachées à la réalisation de ce programme. La perspective s’étend à 2050, avec la connexion des centrales solaires photovoltaïques installées au Sud, notamment celles d’Adrar, aux centrales du nord, a fait savoir le ministre qui est convaincu que cet enjeu sera relevé avec la participation de chercheurs, de savants, d’industriels et d’investisseurs algériens.
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Dans un horizon plus rapproché, en 2030, les capacités de production électrique installées pourront atteindre « raisonnablement », selon le ministre de l’Energie, les 12.000 mégawatts contre près de 500 mégawatts actuellement. Un appel d’offres aux investisseurs industriels et énergéticiens pour la réalisation d’un mégaprojet de plus de 4.000 mégawatts en solaire photovoltaïque, doit être lancé prochainement. Toutefois, les 12.000 mégawatts d’origine renouvelable ne seront pas suffisants. D’où la nécessité, rappelle-t-il, d’attaquer les secteurs énergivores tels que les transports et l’habitat.
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Le lien est fait avec la démarche d’efficacité énergétique qui accompagne le programme national de développement des énergies renouvelables. Pour le ministre de l’Energie, c’est un impératif : il faut améliorer l’efficacité énergétique afin de réussir la transition énergétique et assurer la pérennité du modèle algérien en matière d’énergie à l’horizon 2030. C’est surtout une urgence imposée par les indicateurs énergétiques prévus pour l’année 2030.
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Cet article est paru dans La Nouvelle République (Algérie) du lundi 24 avril 2017.
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