Après une rencontre en janvier avec Yannick Jadot, alors candidat des écologistes, les JNE et l’AJE ont reçu le 22 février 2017 à la mairie du IIe arrondissement de Paris Martine Billard, pour l’interroger sur la politique écologique de la France insoumise (FI), nom de l’ensemble des mouvements qui soutient la candidature de Jean-Luc Mélenchon.
.
par Suzanne Körösi
.
Martine Billard est secrétaire nationale à l’écologie du Parti de Gauche, composant de la FI et co-auteure du livret La planification écologique qui complète L’avenir en commun, le programme de la FI.
.
Elle insiste sur le fait que ce programme est le résultat d’une l’élaboration collective sur une période relativement longue. La politique de Jean-Luc Mélenchon a l’ambition d’assurer l’amplification des initiatives citoyennes qui vont dans le sens de la transition écologique. Il s’agit de renforcer à la fois les moyens juridiques et les soutiens financiers.
.
Le fil conducteur du programme est l’idée que le marché n’est pas à même de répondre à l’urgence écologique ; au contraire, aujourd’hui, on voit bien les effets néfastes du marché dans ce domaine. La conclusion est que la simple incitation des citoyens pour un comportement écolo est nécessaire, mais insuffisante et que pour obtenir des résultats à la hauteur du défi, il est indispensable de renforcer la puissance publique.
.
Un des leitmotivs des interventions de Martine Billard est la cohérence de la politique écologique avec la politique économique, fiscale et commerciale selon la « règle verte ». Celle-ci signifie « l’obligation à l’échelle de la France de ne pas prélever sur la nature plus de ressources renouvelables que ce qu’elle peut reconstituer, ni de produire plus que ce qu’elle peut supporter » ; La règle verte donnerait un cadre général de l’action gouvernementale dans tous les domaines, ce qui représente une rupture avec la conception habituelle de l’écologie, selon laquelle l’écologie serait un des nombreux volets secondaires des politiques, toujours subordonnée à (à peu près) tous les autres.
.
L’autre phrase qui revenait fréquemment au cours de la rencontre, était l’importance de l’implication citoyenne dans la réalisation des objectifs de la politique écologique de la FI, en particulier dans la transition énergétique, dans la rénovation de l’habitat, dans la production des énergies renouvelables et de la production relocalisée des aliments sains.
.
Réponses aux questions
Quel budget pour l’écologie ?
M. B. : Dans le budget, le chapitre L’urgence écologique représente 50 milliards d’€, dont 25 milliards pour le développement des énergies renouvelables, auquel s’ajoutent le budget de l’isolation du parc immobilier et le développement des transports écologiques.
Le programme prévoit la création d’un Commissariat au plan écologique. Cette nouvelle institution aurait un rôle d’orientation, de proposition de lois et serait en charge du suivi.
.
Quel soutien à la préservation de la biodiversité ?
M.B. : Le programme inclut la défense de la biodiversité dans un cadre large qui comprend l’aménagement du territoire, une politique de restauration de la qualité d’eau à travers une baisse radicale de l’usage des pesticides et le soutien au développement de l’agriculture bio, une politique d’incitation à l’éco-construction, à l’économie circulaire et au zéro déchet. Tout vise une parcimonie dans le prélèvement sur les ressources aidée par la récupération des matières en fin de vie, par la réutilisation et par le recyclage.
.
Protection des loups ; transformation du vivant
M.B. : sur la question de la protection des loups, la FI n’a pas de position arrêtée. Il faudra écouter à la fois les écologistes, les habitants et les agriculteurs des régions concernées. Quant à la transformation du vivant, le programme est clair : interdiction de la brevetabilité du vivant, interdiction de l’expérimentation et de la culture des OGM. Dans cette perspective il faut revoir le budget de l’Agence pour la biodiversité et lui donner des moyens d’action.
.
Quelle politique de l’extraction ?
M.B.: Dans le programme de J-L Mélenchon, il y a la volonté de la réduction du volume des extractions selon les recommandations des scientifiques. Ils nous rappellent que nous devons laisser 85 % des énergies fossiles dans la terre pour contenir le réchauffement climatique dans des limites supportables.
Les volumes non prélevés du sol doivent être compensés par la transition aux énergies renouvelables ainsi que par la récupération, la réutilisation et par le recyclage. 15 % des énergies fossiles sont utilisées pour produire les plastiques etc. Est-ce vraiment nécessaire ? Ici aussi, on s’appuiera sur les propositions et sur l’expérience de la société civile. Un exemple donné, la CGT-chimie, qui a des propositions concrètes sur l’utilisation de la ferraille de récup pour diminuer les besoins des métaux à prélever dans les sols.
Néanmoins, on aura toujours besoin de l’extraction de faibles volumes et bien sélectionnés, et faites dans les meilleurs conditions environnementales.
.
L’agriculture
M.B. : on constate la dégradation à la fois des terres et des conditions de travail et de santé des agriculteurs. Le but fixé dans le programme de J-L Mélenchon est la restauration de l’agriculture paysanne et le 100 % bio dans les cantines des collectivités. Cela suppose l’installation de 300 000 nouveaux agriculteurs, ce qui se fera avec un soutien financier considérable du secteur.
Avec le développement de l’agriculture et de l’alimentation bio, on peut prévoir de manière générale une augmentation des prix des aliments. Cette augmentation à la charge des ménages sera compensée par la baisse des impôts pour les plus bas revenus, par la diminution des frais de santé, des énergies et des transports.
.
Comment peut-on mener à bien aujourd’hui l’installation de 300 000 paysans ce qui figure dans le programme ?
M.B. La réalité est qu‘il y a beaucoup plus d’agriculteurs, surtout des jeunes, qui voudraient s’installer en maraîchage, en céréaliculture ou en élevage, qui ne peuvent pas, en particulier par le manque des terres disponibles à cause du bétonnage des terres fertiles et de la politique actuelle du foncier. Le programme prévoit à la fois l’incitation financière, des plans d’aides contre l’endettement des paysans, et les nouvelles formations à travers la mise en place de nouveaux BTS, de nouveaux lycées agricoles dans toutes les régions. La puissance publique doit intervenir : pour régler le problème foncier, le programme comprend la réforme des fonctions et des attributions de la Safer. Il s’agit de lui donner les moyens d’agir contre l’accaparement des terres par les multinationales agro-alimentaires françaises et étrangères. Encore une fois, le programme veut agir de manière globale et cohérente. Le soutien financier des cantines des collectivités devrait améliorer les débouchés pour les agriculteurs bio, donc leurs conditions de vie.
.
Pourquoi le programme ne prévoit-il l’obligation du bio que dans la restauration collective ?
M.B. : Parce que c’est là où la puissance publique peut agir. Mais cela déjà devrait logiquement inciter la demande générale en ingrédients bio dans l’ensemble du secteur de la restauration.
.
La société est-elle prête, d’après vous, à suivre le bouleversement profond que la mise en place de votre programme implique ?
M.B. : On espère que oui. On s’appuie sur les secteurs de la société qui demandent des vraies mesures, et qui sont déjà nombreux, très actifs et disposent des expériences et des résultats remarquables dans la transition écologique, agricole et énergétique. De toute façon, on est de plus en plus nombreux à comprendre qu’on est obligé de procéder à ce bouleversement devant l’urgence écologique. Les mesures qui ont été prises jusqu’à maintenant sont largement insuffisantes et n’ont pas diminué les dangers de l’effondrement de l’avenir des humains sur notre Planète.
Liens pour plus de détails sur le programme écologie de J-L Mélenchon
.
Exposé approfondi de l’écologie politique par JL Mélenchon lors de la journée écologie de la FI le 25.02.2017 : http://www.youtube.com/watch?v=B854jwPS7vY
Livrets thématiques liés à l’écologie
Livret Pour une agriculture écologique et paysanne
http://avenirencommun.fr/livret-agriculture/Livret Objectif zéro déchet
http://avenirencommun.fr/le-livret-dechets/Livret La planification écologique
http://avenirencommun.fr/livret-planification-ecologique-regle-verte/Livret Ruralité et aménagement du territoire
http://avenirencommun.fr/livret-ruralite-amenagement-territoire/Livret 100% énergie renouvelable
http://avenirencommun.fr/le-livret-energie/
.
.
.