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Figure centrale de la défense des animaux en France, Allain Bougrain Dubourg raconte publiquement sa vie personnelle pour la première fois, comme l’a demandé l’éditeur : celui-ci a voulu un livre de mémoire et non de militantisme. Avec pudeur, sans étalage de sentiment, ABD relate une enfance sur l’île de Ré où il a appris la nature, mais aussi à se débrouiller seul dans la vie, comptant sur un destin qui s’est avéré riche. Puis les clubs des JAA (les Jeunes amis des animaux) de Jean-Paul Steiger, les tournées de saltimbanque exhibant des reptiles, la télévision, la notoriété naissante, les reportages, et la rencontre avec Brigitte Bardot, qui sera sans doute ce qui concernera le plus nos médias si prompts à parler pipole. On y rencontre aussi Jeane Manson, bien sûr, qui lui donnera un enfant : « Dorénavant, il y a l’avant-Marianne et l’après-Marianne ».
Il y a encore, forcément, d’autres personnages clés de la protection de la nature, des JNE comme Paule Drouault, Pierre Pellerin ou Antoine Reille. Et puis il y a les guerres, les famines et les drames humains dont Allain a été témoin au cours de ses voyages, qui l’ont marqué, et qui lui ont posé question sur son propre chemin. Au Sri Lanka, les Médecins sans frontière si dévoués aux humains l’ont rassuré : « La souffrance est universelle. La peur, la faim et le reste guettent tous les êtres vivants. Tant mieux si d’autres soignent les animaux ! ».
L’histoire d’ABD, c’est aussi celle d’un combat forcené pour une cause délaissée, avec quelques victoires lumineuses et de trop nombreuses déceptions, qui l’amènent à affronter la violence sur le terrain et les lobbies dans les couloirs. C’est le responsable de FR2 Xavier Gouyou-Beauchamps, chasseur notoire, qui stoppe net sa carrière télévisuelle. Un coup dur qui ne freine en rien les multiples activités d’Allain, président de la LPO investi, désormais plus proche du pouvoir politique. Il raconte sans trop le dire les trahisons de Jean-Louis Borloo, les voltes faces de Nicolas Sarkozy ou les mensonges de Ségolène Royal.
À la veille de la COP 21, ABD entend garder l’espoir : il fait partie des personnages qui ont réussi à faire évoluer les lois et les mentalités. Lorsque l’on sait que son titre « Il faut continuer de marcher » est la dernière phrase que lui a proférée le professeur Théodore Monod à la fin de sa vie, la formule prend tout son sens.
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Éditions de La Martinière, 480 pages, 20,90 € – www.editionsdelamartiniere.fr
Contact presse : Pascale Barthel. Tél.: 01 41 48 80 10 – pbarthel@lamartiniere.fr
(Marc Giraud)
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