L’agriculture : des révolutions en marche, un débat au salon BiObernai 2015

Intitulé « L’agriculture : des révolutions en marche », le débat inaugural du salon BiObernai 2015, qui se déroulait le 11 septembre dernier dans la salle des fêtes d’Obernai, était animé par notre confrère Frédéric Denhez (JNE), complice de Denis Cheissoux (JNE) dans l’émission CO2 mon amour, sur France Inter.

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par Roger Cans

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« L’agriculture : des révolutions en marche ». Débat inaugural du salon BiObernai 2015 @ Carine Mayo
« L’agriculture : des révolutions en marche ». Débat inaugural du salon BiObernai 2015 @ Carine Mayo


Il revient à Maurice Meyer, directeur fondateur de BiObernai, d’introduire rapidement le débat. Frédéric Denhez présente la thématique du jour et donne la parole à Jean-Louis Peyraud, chargé de mission auprès du directeur scientifique des productions animales à l’INRA. Celui-ci brosse un tableau général de l’agriculture en France, où 52 % des exploitations sont « végétales » (céréales, fruits et légumes), 34 % sont spécialisées dans l’élevage, et seulement 14 % encore mixtes. On constate dans les zones d’élevage une chute des prairies permanentes, au profit d’un élevage intensif. C’est le cas dans l’ouest de la France, comme aussi en Allemagne, au Danemark, aux Pays-Bas, en Irlande et dans la plaine du Pô. Le rendement du blé plafonne depuis 1990, alors qu’il continue à augmenter pour le maïs et la betterave. On commence à cultiver le soja pour l’alimentation du bétail, ce qui évite de l’importer du Brésil.

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La parole est alors donnée à un exploitant agricole alsacien, Laurent Klein, qui est aussi président de la Société des Agriculteurs de France (SAF). Fondée en 1867, la SAF est une société savante qui se veut aujourd’hui un think tank, autrement dit un groupe de « remue méninges » au service des agriculteurs. Il constate que la production agricole, aujourd’hui, est soumise au marché mondial. Les producteurs céréaliers de Beauce dépendent des prix fixés à la bourse de Chicago. Les éleveurs de porcs bretons dépendent des prix obtenus par les élevages industriels de l’Europe du nord. En Alsace, on est cantonné à une production de niche. A la différence des autres pays d’Europe, la France reste centrée sur l’exploitation familiale. Durant les deux dernières guerres, les femmes ont dû se substituer aux hommes pour maintenir l’exploitation en activité. L’agriculture française en reste marquée.

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Le blé pose un problème pour le bio. S’il est cultivé sans engrais chimique, il est peu protéiné et donc réservé à l’alimentation du bétail. Si l’on veut du blé panifiable, à haute valeur en protéines, il faut ajouter de l’azote.

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La parole revient à un ingénieur agronome, Jacques Caplat (JNE), administrateur de l’association Agir pour l’environnement. Il souligne d’abord qu’il n’y a pas un modèle d’agriculture. Historiquement, le monde a en effet connu cinq foyers d’agriculture différents : d’abord en Mésopotamie, puis en Chine, en Amérique latine (dans les Andes), puis en Europe et en Amérique du nord. Autant de pays, autant d’agricultures. Un exemple intéressant : dans le nord du Bénin (ex-Dahomey), on pratique une agriculture originale, avec 13 cultures associées sur le même espace. Résultat : une végétation verdoyante, comme le prouve la photo.

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En France, la culture du vin a complètement changé avec l’attaque du phylloxéra. Jusqu’en 1910, dans les bistrots, on payait le vin « à l’heure », tant il avait peu de valeur. La crise du phylloxéra a obligé à replanter, et donc, progressivement, à rechercher la qualité plus que la quantité. C’est cette recherche de qualité qui doit nous mobiliser aujourd’hui.

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Le président de Biocoop, Claude Gruffat, présente alors ses magasins, où coopèrent producteurs, salariés et consommateurs. Il souligne que le modèle de distribution influence le modèle de production. Chez Biocoop, on planifie sur quatre ans. Le système repose sur trois principes :

1) La coopération.

2) L’équité, ou « interdépendance positive ».

3) La transparence.

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Biocoop dispose aujourd’hui d’un réseau de 370 magasins – dont seulement trois en Alsace.

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La parole est ensuite au politique, en l’occurrence Antoine Herth, député du Bas-Rhin et vice-président du Conseil régional d’Alsace. Il se présente comme un « paysan », qui a été élève du lycée agricole d’Obernai, et disciple de Marcel Mazoyer, grand connaisseur du monde agricole. Il constate une « baisse tendancielle des prix agricoles », ce qui pose un problème pour les exploitants, où le revenu agricole ne suffit plus à entretenir un ménage et pousse à la pluriactivité. Il observe à ce propos qu’en Allemagne, l’éleveur gagne sa vie avec le biogaz et non avec la viande de porc. Le paradoxe des coopératives : on vend des intrants aux agriculteurs pour qu’ils vendent moins cher aux distributeurs ! Pour rendre la production de lait rentable, il suffit d’acheter le litre 3 centimes de plus, soit seulement 3 euros pour 100 litres. Mais personne ne veut le faire.

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Pour clore le débat, Jean-Louis Peyraud souligne qu’il ne faut pas opposer la grande et la petite exploitation. « On a besoin de tout le monde ! ».

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