Voici le deuxième de nos articles sur la politique de développement durable de la municipalité de Loos-en-Gohelle, dans le Nord.
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par Christine Virbel
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L’histoire industrielle de Loos-en-Gohelle, dans le Nord, commence en 1850, avec la découverte et l’exploitation de nombreuses veines de charbon. Très vite, l’industrie minière transforme le paysage plat de la commune en « monts et gruyère » avec le forage de 7 puits et l’apparition de 8 terrils, dont 2 sont encore visibles aujourd’hui.
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« Le système des mines est un exemple capitalistique par excellence, explique Jean-François Caron, maire de Loos. Il était très rentable pour les investisseurs mais pas durable. Le rendement pour les actionnaires allait de 1 à 100, mais les mineurs mouraient entre 40 et 50 ans de silicose, le milieu était pollué, les niveaux de formation très bas et les cités des mineurs se dressaient derrière des grilles. »
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A partir des années 70, la mort lente des mines morcelle la vie sociale de la commune jusqu’au coup de grâce, en 1986, avec la fermeture du dernier puits. A l’image des cités minières que l’on démolit en raison de l’affaissement du terrain cavé en sous-sol, la ville et ses 7000 habitants s’enlisent dans le chômage et un environnement détruit.
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Dès lors, une alternative s’offre à la ville : essayer d’attirer d’autres industries pour remplacer la mine, au risque de reproduire le même schéma et d’en subir encore les ratés et les conséquences sociales ou bien changer totalement de vision et rejeter un système économique qui avait usé la terre autant que les hommes.
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Loos-en-Gohelle opte pour la deuxième option et décide de se reconstruire selon les principes du développement durable. Par ailleurs, la municipalité couple le développement de Loos à une approche planétaire (penser global, agir local).
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La « reconstruction » de la ville se fait aussi bien physiquement que moralement. La population est impliquée dès le départ dans les premiers projets. Parallèlement, 1000 logements miniers sont détruits et font place à des logements de Haute Qualité Environnementale.
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Le Plan d’occupation des sols est revu en incluant besoins économiques, écologiques et sociaux. Le succès de ces premières initiatives entraîne en 2001, avec l’arrivée du maire actuel, la généralisation de ces pratiques à l’ensemble de la politique municipale. La réussite des actions est d’autant plus forte que les habitants ont développé une expertise dans la gestion des réalisations communes, utile aux objectifs suivants.
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Loos-en-Gohelle acquiert ses lettres de noblesse en développement durable et la réélection à 82,1 % du maire en 2008 montre aux observateurs extérieurs qu’il est possible d’emporter l’adhésion de la population sur des projets différents du modèle capitaliste classique. Aujourd’hui, l’objectif de la ville est de transférer son expérience, mais elle a déjà gagné son pari.
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Pour en savoir plus sur les projets mis en œuvre à Loos, lisez ici l’article de Christine Virbel sur son blog Bonnes nouvelles environnementales.
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A lire aussi, l’article de Christian Weiss en ligne sur le site des JNE.