BiObernai, le salon de l’agriculture biologique alsacien, a fêté ses dix ans

Pour la quatrième année, les JNE étaient invités au salon BiObernai. L’occasion de découvrir de nombreuses initiatives en faveur de l’écologie et de la citoyenneté portées par des entreprises, des associations et des collectivités. Maurice Meyer, agriculteur, directeur fondateur de Biobernai, nous raconte l’histoire de ce salon.

 

propos recueillis par Carine Mayo

 

Biobernai 14, inauguration, Obernai 12 septembre 2014
Maurice Meyer lors de l’inauguration du Salon BiObernai 2014, le 12 septembre 2014 à Obernai (Bas-Rhin) – photo BiObernai/Pascal Bastien

 

Nous fêtons les dix ans du salon BiObernai, c’est une vraie aventure. Comment cela a-t-il commencé ?

Comme toutes les aventures, on ne savait pas très bien ce qui nous attendait. Ca fait drôle et je me rends compte que j’étais incapable d’imaginer ce qui se passerait dix ans après.

 

Quelle était l’idée de départ ?

L’idée de départ était toute simple. C’était de rassembler les producteurs, les transformateurs, les distributeurs qui ne se retrouvaient jamais. Ils étaient plutôt l’un contre l’autre que rassemblés. C’est la première réussite de cette manifestation.

 

Et deuxièmement, nous voulions promouvoir l’agriculture biologique pour qu’elle se développe, faire en sorte que dès qu’il y a un producteur qui s’installe, il trouve des débouchés et des consommateurs qui achètent ses produits, afin qu’il puisse vivre de son activité. Moi, mon idée, c’est de mettre autour de cet événement les institutionnels, les partenaires privés, les producteurs, les transformateurs, les associations de protection du consommateur, les associations de protection de l’environnement, les consommateurs. Tout le monde doit participer à cette avancée.

 

On a l’impression que c’est un peu plus qu’un salon bio, que cette manifestation est vraiment bien intégrée dans le territoire, que cela irrigue beaucoup de choses…

Ici, on est générateur de discussions, d’idées, sans avoir jamais le dernier mot, sans avoir la vérité. On stimule les échanges et maintenant on se permet, au bout de la onzième édition, de parler de l’entreprise citoyenne alors qu’on est un salon de l’agriculture biologique. Le domaine bio, environnemental, éthique, c’est une seule chose. Le bio, c’est la vie. Ca englobe tout : le travail dans les entreprises, le bien-être des gens… Est-ce que ça sert à quelque chose de manger bio si l’on se retrouve complètement pressurisé dans son entreprise, en burn-out et à la limite du suicide, comme ça arrive parfois ? Non, je ne pense pas.

 

Est-ce qu’il y a plus de gens qui viennent aujourd’hui, ou des gens différents ?

Oui, je pense qu’avec tous ces sujets, on attire un public différent. Ce sont des chefs d’entreprises qui passent, parfois des responsables syndicaux… C’est vrai que dans les vingt mille visiteurs, il y a de tout et je suis toujours très surpris quand je rencontre un responsable politique, un responsable d’entreprise qui me dit : « je connais la manifestation, ça fait trois ans que je viens. » C’est génial !

 

Quel sera le prochain thème du salon ?

Le thème qu’on vous a concocté pour 2015, c’est les agricultures. Je suis en train de recenser les définitions des quarante types d’agricultures que j’ai trouvés pour le moment, non pas pour les opposer, mais pour voir ce qu’elles peuvent apporter de positif, de négatif. Par exemple, l’une est très productive, mais respecte très peu l’environnement et ne coûte pas cher, une autre protège beaucoup l’environnement, mais produit très peu et coûte très cher.

 

L’idée est de remettre tout à sa place. On va se retrouver avec de la permaculture, de l’agroécologie, de l’agriculture industrielle, du hors-sol, du bio, du biodynamique… J’ai même trouvé une définition sur l’agriculture cosmo-tellurique qui existe en France. Il ne faut pas avoir peur de parler de tout ça. Il faut essayer d’y voir un peu plus clair. Souvent, les gens disent l’agriculture raisonnée, c’est du bio. Eh bien non, ce n’est pas du bio. Et la biodynamie, qu’est-ce que c’est ? Ce sont des grandes questions… On va être très proches de notre domaine d’activité en parlant de toutes les agricultures, en lien avec les chambres d’agriculture, avec les associations qui promeuvent ces types d’agriculture… Nous ne restons jamais tout seuls bien sûr, c’est ce qui fait la richesse des échanges.
Cet entretien a été réalisé dans le cadre du voyage JNE au Salon BiObernai 2014.