Quel cheminement suit le thon rouge en Méditerranée ?
par M’hamed Rebah
Les experts avouent que leurs connaissances à ce sujet sont bien limitées. Ils reconnaissent que « les mouvements migratoires du thon rouge à l’intérieur et à l’extérieur de la mer Méditerranée n’ont pas été suffisamment étudiés ». Or, il est important de le savoir, la Méditerranée étant la principale frayère du thon rouge de l’Atlantique. Des indications ont été recueillies par les spécialistes sur les périodes et les lieux de ponte en Méditerranée, mais ils estiment que « de nombreuses incertitudes ou lacunes subsistent concernant les mouvements migratoires exacts du thon rouge entre l’océan Atlantique et les frayères, la durée de son séjour en Méditerranée, les différences de migrations entre spécimens jeunes et adultes, entre thons résidents en Méditerranée occidentale ou orientale, entre différents individus au sein d’une même zone ».
S’agissant d’une espèce très prisée pour sa très grande valeur marchande, la surveillance des stocks de thon rouge est devenue une affaire vitale et la meilleure manière d’observer ce poisson est le marquage afin de collecter les données qui permettent de mieux connaître ses habitudes et de prendre les mesures qui s’imposent pour empêcher son extinction.
Un système de gestion du thon rouge a été ainsi mis en place pour une exploitation durable par les pays concernés. Un programme de recherche sur le thon rouge a été également mis en œuvre depuis 2010, sous le nom ICCAT/GBYP, consistant en une campagne de marquage du thon rouge lancée dans l’océan Atlantique et dans la mer Méditerranée. La réussite de l’opération de marquage du thon rouge repose ainsi sur le nombre de marques récupérées. Depuis son lancement en 2010 par la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique (ICCAT), le marquage a concerné 22 000 poissons du côté de la Méditerranée et de l’Atlantique, avec un taux de récupération insignifiant, 1 %, a-t-on appris, malgré les récompenses promises à ceux qui rendent les tags trouvés sur le thon rouge pêché.
Les professionnels algériens de la pêche au thon rouge ont été invités à participer à cette opération. Le directeur de projets au bureau d’études français Cofrepêche, Etienne Jarry, est venu spécialement à Alger pour expliquer l’opération aux professionnels algériens. Il l’a fait, mardi 3 septembre 2014, à l’occasion d’une journée d’information et de sensibilisation, initiée par la Chambre algérienne de la pêche et de l’aquaculture (CAPA) et organisée à l’Institut national supérieur de la pêche et de l’aquaculture (INSPA).
Les pêcheurs algériens répondront-ils à l’appel d’Etienne Jarry en retournant à l’ICCAT les marques qu’ils trouveront sur le thon rouge ? Toute cette opération vise à donner des bases scientifiques aux décisions de l’ICCAT concernant les quotas de pêche. Cet organisme a décidé de ne pas augmenter les quotas de pêche pour le thon rouge pour 2014 : 13.400 tonnes dans l’Atlantique est et la Méditerranée, et 1.750 tonnes dans l’Atlantique ouest.
Cet article a été publié dans le magazine algérien Reporters.