Au début du mois de septembre, le président vénézuélien Nicolàs Maduro a rayé d’un trait de plume le ministère de l’Environnement. Pour le transformer en secrétariat d’Etat (Vice-ministre) à l’Ecosocialisme.
par Claude-Marie Vadrot
Ce qui, outre que cela ne veut rien dire et nous rappelle quelque chose, représente à la fois une nouvelle et très confuse définition de ses attributions ; et surtout une diminution du pouvoir de ce ministère. Par rapport aux autres ministères et à l’ampleur des problèmes environnementaux qui restent à résoudre dans ce pays.
Les industries, qu’elles soient sous le contrôle de l’Etat, l’exploitation du pétrole ou du minerai de fer, par exemple, ou aux mains d’entreprises privées, ont pris de mauvaises habitudes depuis longtemps. Y compris sous le règne d’Hugo Chavez. Même lorsque le « développement durable » faisait partie des slogans officiels, sans toutefois réussir à préserver un patrimoine naturel très riche : sur le littoral comme dans le llanos de l’intérieur dans la région d’El Tigre, ou encore dans la forêt amazonienne, le long du fleuve Orénoque, de la Guyane française et du Brésil.
Réunies dans le réseau ARA (la Red de Organizaciones Ambientales de Venezuela), les écologistes et les protecteurs de la nature expliquent : « Nous déplorons que se confirme ainsi la disparition progressive et délibérée de l’autorité et des moyens techniques du Ministère de l’Environnement qui était déjà caractérisé par l’absence de contrôle sur la détérioration des écosystèmes, l’absence de mesures sur l’adaptation du pays au réchauffement climatique (…) en dépit de la rhétorique officielle destinée à l’étranger, cette situation signifie l’abandon par le pays du respect de toutes les Conventions internationales dans le domaine de l’environnement ».
D’autre part, expliquent ces écologistes, « nous rejetons l’explication simpliste qui consiste à opposer le développement social à la préservation de l’environnement et par là à ignorer que le bien être de la population est étroitement lié à l’accès à l’eau potable, à une alimentation saine produite de façon durable, à la mise en place de sources d’énergies renouvelables et au contrôle des pollutions ainsi qu’à la préservation des écosystèmes ».
Dans ses commentaires, le réseau des écologistes affirme également refuser une politique environnementale qui sera conduite sous le seul modèle d’un écosocialisme résultant d’une confrontation politique et d’une ségrégation idéologique. Position qui les conduit à lancer un appel à toutes les organisations environnementalistes et à tous les groupes de citoyens pour qu’ils expriment leur rejet de cette politique « qui est contraire à la Constitution de la République bolivarienne du Venezuela ».
Un appel qui ne semble pas avoir été entendu par le gouvernement puisqu’il a pour l’instant refusé de revenir sur sa décision. Ce qui augure mal de l’avenir environnemental déjà écologiquement très abimé du pays, tant sur le plan des pollutions que sur celui de l’état de la nature et de sa faune.
Cet article a été publié dans Politis.