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Notre ami Georges Chapouthier, habituellement plutôt discret sur son parcours professionnel, se livre à sa collègue du CNRS, Françoise Tristani-Potteaux, dans un ouvrage quasi autobiographique qui vient de paraître. On y découvre le jeune Georges déjà immergé enfant dans le bain de l’Ecole normale supérieure de la rue d’Ulm, dont son père est directeur. Il y entre à son tour à 19 ans, en section sciences, dans le groupe biologie animé par Jean-Pierre Changeux.
Écologiste avant la lettre en 1965, à vingt ans, il fonde le groupe normalien de la SNPN. Mais plus que de nature, c’est de biologie moléculaire qu’il s’occupe, comme le veut l’époque. Il fait d’abord un DEA de psychologie animale fondé sur la biochimie de la mémoire. Il utilise pour ses expériences des animaux vivants. « Ce n’est pas du tout agréable mais il faut le faire », dit son patron. Pour sa part, il avoue : « J’ai toujours trouvé indignes les souffrances infligées inutilement aux animaux d’expérience en dehors des préoccupations scientifiques ».
A partir de 25 ans, il passe une licence, puis une maîtrise, un DEA et un doctorat de philosophie, car il est de plus intéressé par la cause animale. Pour son service militaire, il a la chance d’être versé au Service de santé des Armées, dans un laboratoire de neurophysiologie. Après les souris de laboratoire, il découvre là les chimpanzés, qui vont être une révélation. Pour lui, désormais, l’animal est non seulement un être sensible, mais une personne. En 1986, sa thèse s’intitule « Essai de définition d’une éthique de l’homme vis-à-vis de l’animal ». Il est le premier chercheur de langue française à poser le problème.
Georges Chapouthier publie beaucoup, mais pas seulement pour sa carrière : « Je suis de ceux qui pensent que les chercheurs ont un devoir de communication vis-à-vis du grand public ». Il ne condamne pas dans son principe l’expérimentation animale, car elle permet de formidables progrès. Les singes rhésus importés d’Inde aux Etats-Unis ont permis la mise au point du vaccin contre la polio, qui a aujourd’hui disparu du continent indien. « On peut comprendre qu’un lapin soit utilisé pour tester un vaccin, dit-il, mais pas un produit de maquillage ». Le normalien écolo finit par défendre les droits de l’animal, pour lesquels il publie un Que-sais-je ? en 1992.
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CNRS Éditions, novembre 2013, 208 pages, 22 € – www.cnrseditions.fr
Contact presse : Christelle Voisin. Tél.: 01 53 10 27 13 – christelle.voisin@cnrseditions.fr
(Roger Cans)