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Lorsque Philippe et Marie Huet arpentent les temples, palais et tombeaux égyptiens, vous l’aurez deviné, ils observent les animaux. De visite en visite, au fil des ans, ils ont affiné leurs reconnaissances de la faune sauvage et domestique. Ils affirment cependant, qu’à chaque retour, ils découvrent encore des scènes qui avaient échappées à leur regard pourtant aiguisé. Le surprenant réalisme avec lequel les animaux sont représentés les fascine. Ils jouent à identifier les espèces : vautour percnoptère, canard pilet, vanneau huppé… Et ils comparent, entre autres, leur présence d’hier au pays des pharaons à celle d’aujourd’hui dans l’Égypte contemporaine. L’ibis sacré, par exemple, vit toujours dans une large partie de l’Afrique jusqu’à Madagascar mais il a disparu d’Égypte. Désormais, c’est l’ibis falcinelle, un oiseau cousin, qui fréquente en grand nombre la vallée du Nil.
Leur chapitre intitulé « Au frontières du naturel » offre une lecture de l’art égyptien qui ne pouvait être faite que par des naturalistes, ne serait-ce que par des détails comportementaux de certaines espèces. Le poisson, aliment populaire, est rarement représenté sauf, certains comme le tilapia qui, lui, apparaît fréquemment dans peintures funéraires sans doute à cause de leur capacité à conserver leurs œufs fertilisés dans la bouche des parents jusqu’à l’éclosion. Et même après leur naissance, les alevins gardent l’habitude de trouver refuge dans la bouche de leurs parents, expliquent les auteurs. Pour les Égyptiens, c’est un symbole de fertilité et de vie renouvelée. Philippe et Marie Huet analysent également l’évolution au fil des siècles, soulignant le fait que la faune sauvage très fréquemment représentée à la grande époque pharaonique ne l’est presque plus pendant l’époque gréco-romaine qui couvrent les trois derniers siècles de la civilisation égyptienne. Les animaux d’élevage et de compagnie occupent les scènes annonçant « les religions monothéistes à venir qui refuseront à l’homme sa nature animale, mais proposeront plutôt une suprématie de l’homme sur la nature ».
Les photographies sont d’une qualité irréprochable. Admirez p. 134 l’une des plus belles scènes ornithologiques connues (dixit Philippe et Marie Huet). Photographiée au temple d’Hatchepsout à Deir-el-Bahari (Louxor), elle représente notamment un héron cendré tenant un poisson dans le bec, d’un incroyable réalisme. Le parti-pris du livre est de ne pas indiquer les lieux dans la légende de la photo. Il faut se reporter à un index par lieu à la fin de l’ouvrage. C’est un peu fastidieux. Mais à part ce bémol, ce livre est une mine d’informations et un plaisir pour les yeux, il faut le dire et plus encore, il faut se l’offrir et l’inscrire dans la liste des cadeaux à faire.
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Editions Hesse, 160 pages, 108 photographies, 29 € – editionshesse.com
Contact presse : Jacques Hesse. Tél. : 02 54 20 58 80 – editionshesse@gmail.com
(Danièle Boone)