La mise en place d’un laboratoire de référence pour la détection des organismes génétiquement modifiés (OGM) pour l’alimentation humaine et animale traduit sans doute la ferme volonté des responsables du pays de faire de l’Algérie un « territoire interdit aux OGM ».
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par M’hamed Rebah
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Installé au sein du Centre de recherches en biotechnologies (CRBT) de Constantine, ce laboratoire a pour mission principale « d’analyser et de tester les graines modifiées par intervention humaine et de statuer sur leur usage », a fait savoir le Pr Halima Benbouza, directrice du CRBT. L’Algérie s’est ainsi dotée des capacités de savoir si les OGM, indésirables dans notre pays, se retrouvent tout de même dans nos assiettes et de prendre les mesures en conséquence.
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Depuis janvier 2001, un arrêté ministériel interdit l’importation, la distribution, la commercialisation et l’utilisation du matériel végétal génétiquement modifié. Cette décision est motivée par le souci d’éviter tout risque d’érosion génétique du patrimoine phytogénétique (semences et plants) lié aux effets du flux génétique associé à l’utilisation des OGM. Mais l’interdiction n’a pas concerné les semences maraîchères, d’où l’hypothèse de l’existence, en Algérie, de cultures de tomates transgéniques déjà pratiquées chez nos voisins, le Maroc et la Tunisie.
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L’importation d’OGM destinés à la transformation ou à la consommation, est facilitée, chez nous, par la liberté du commerce extérieur et par les défaillances dans le contrôle, qui n’est d’ailleurs imposé, pour ce type de produits, par aucun dispositif réglementaire. Que sait-on, par exemple, de la présence d’OGM dans l’huile alimentaire, puisque les producteurs algériens utilisent du tourteau de soja importé d’Amérique du nord. De nombreux spécialistes algériens souhaitent l’interdiction des OGM pour tous les produits de première consommation et les produits intermédiaires qui servent d’ingrédients à la constitution d’aliments. Ceux qui sont réticents à une telle mesure, ont toujours justifié leur position par le fait que « nous ne savons pas détecter les OGM ». La mise en place du laboratoire du CRBT comble cette lacune.
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C’est une bonne nouvelle qui rejoint celle donnée tout récemment concernant le projet de loi sur les ressources biologiques en cours de préparation au niveau du gouvernement. Il s’agit visiblement d’une nouvelle mouture du projet de loi sur les OGM (organismes génétiquement modifiés), qui avait été retiré en novembre 2004 pour des motifs liés à des considérations juridiques, puis, abandonné pour des raisons inconnues.
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Le projet de loi traitait de la circulation des ressources biologiques, du contrôle des OGM et de la prise en charge des risques liés à l’utilisation des nouvelles biotechnologies. Il s’inspirait du principe universel reconnu aux Etats, d’organiser la protection des espèces et de favoriser un développement qui utilise d’une manière durable les ressources biologiques. Le projet de loi visait à prémunir les réserves de la biodiversité en Algérie contre les manipulations génétiques, non contrôlées et non organisées, qui risquent de provoquer une réduction du patrimoine d’espèces et de se répercuter négativement sur la santé humaine. Elle devait également fixer les conditions de détention et/ou d’usage d’OGM, ainsi que les règles de sécurité liées à la prise en charge des risques découlant de l’utilisation des biotechnologies modernes. Enfin, la loi, si elle avait été adoptée en son temps, aurait permis la création d’une autorité nationale des ressources biologiques.
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L’intrusion des OGM dans l’agriculture, à travers le monde, impose une vigilance à l’égard des importations de produits alimentaires qui iront dans nos assiettes et des semences et plants destinés à nos champs. Le 29 mai 2013, le ministère étasunien de l’Agriculture (USDA) confirmait sur son site internet que du blé génétiquement modifié (GM) résistant au Roundup avait été retrouvé dans l’État de l’Oregon. Pour cette raison, le Japon a annoncé son intention de bloquer les importations de blé en provenance des États-Unis pour ne pas risquer d’importer des blés contaminés. D’autres marchés devraient aussi se fermer. On sait que les essais en champs effectués par la firme Monsanto sont un moyen pour elle de provoquer la contamination pour favoriser les autorisations commerciales et la diffusion des variétés transgéniques.
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Cet article a été publié dans le quotidien algérien Reporters.
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