Ce livre est bien présenté, agréable à lire, avec des encarts, des photos et beaucoup de dessins humoristiques. Il relate tous les événements qui comptent, chocs pétroliers, contre-choc, liens des pétroliers avec des régimes non démocratiques, pollutions pétrolières, réchauffement climatique et même énergies renouvelables.
Mais les auteurs postulent que l’augmentation exponentielle de la consommation d’énergie est liée à une volonté « naturelle » de développement. A partir d’une telle hypothèse, ce livre ne peut que satisfaire les intérêts marchands d’un grand groupe pétrolier ; Pierre Mauriaud et Pascal Breton sont ingénieurs chez Total. Ce livre s’intéresse donc à la faim du pétrole, certainement pas à la fin du pétrole : « En économisant, on en a encore pour 50 à 150 ans pour le pétrole, 100 à 300 ans pour le gaz… » La géologie dont parle le sous-titre est étrangement marginale dans ces pages et l’Aspo, association pour l’étude du pic pétrolier, n’est même pas citée. La question du pic du pétrole est donc occultée par un amoncellement de détails techniques sur les réserves pour conclure : « Il semblerait qu’il n’y aura pas une chute brutale de la production mais plutôt un plateau légèrement décroissant. »
De nombreuses phrases font preuve d’animosité envers les écologistes. Le nucléaire est admis, les énergies renouvelables minimisées, le scénario Négawatt ignoré. Ils remettent même en question la thèse pourtant bien documentée de l’Anthropocène. Les auteurs accumulent tout au cours du livre les éléments d’une défense inconditionnelle des gaz de schiste. C’est donc un livre sur l’offre d’énergie, autant dire que ceux qui veulent approfondir les différentes problématiques de la demande d’énergie n’y trouveront pas de réponses.
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EDP Sciences, 224 pages, 19 € – www.edition-sciences.com
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(Michel Sourrouille)