A la veille de l’ouverture de la conférence de la Commission internationale pour la conservation des thonidés (CICT), qui se tient cette semaine à Paris, des associations écologistes internationales font entendre leur voix.
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par Laurent Samuel
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Le 16 novembre au matin, Greenpeace, le WWF, Oceana et le groupe Pew Environnement tenaient une conférence de presse dans un hôtel parisien, animée par la journaliste Dominique Martin Ferrari de Gaia Network (JNE).
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Leurs représentants ont demandé la suspension de la pêche industrielle, un quota compris entre 0 et 6000 tonnes pour la pêche artisanale, et un encadrement des pêcheries afin d’endiguer le marché noir, évalué à à 2,93 milliards d’euros par an de 1998 à 2007. Le thon rouge atlantique a vu ses stocks diminuer de 85 % depuis 1970.
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Ainsi que l’a souligné François Chartier de Greenpeace, la persistance de la pêche illégale rend difficile l’établissement de données fiables sur les populations de thons rouges. Rémi Parmentier, de Pew International, nous a appris que les estimations des scientifiques de la CICT (ICCAT en anglais) ne sont fiables, selon leur propre aveu, qu’à 60 %. « C’est comme si un passager devait prendre l’avion sachant qu’il n’a que 60% de chances d’arriver à destination », a estimé Sergi Tudela du WWF. « Face à cette science qui prétend lire l’avenir dans des boules de cristal, nous demandons aux Etats de cesser de noyer le poisson et d’appliquer le principe de précaution », a affirmé Rémi Parmentier.
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Les porte-parole des ONG ont également réclamé la protection des aires de frai du thon rouge en Méditerranée et dans le Golfe du Mexique, et l’abandon de la pêche à la senne. « Le thon rouge n’a pas d’avenir si on ne ferme pas la pêche à la senne », a affirmé Maria-José Cornax, chef de la campagne pêcheries pour l’organisation Oceana.
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Pour diffuser le message des ONG, Pew International organisait ce 16 novembre en fin d’après-midi avec l’IDDRI (Institut du développement durable et des relations internationales) Sciences Po un débat à l’Institut océanographique de Paris sur l’avenir du thon rouge.
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Enfin, les ONG se sont inquiétées de ce qu’à la veille du début de la conférence, l’Union européenne, qui y dispose d’une seule voix, n’ait pas encore arrêté de position commune. Le fait qu’on ne sache pas pour l’instant, au niveau français, si le secteur de la mer relève désormais de la responsabilité de Bruno Le Maire, ministre de l’Agriculture (hostile à des quota plus sévères sur le thon) ou de Nathalie Koskiusco-Morizet, ministre de l’Ecologie, ajoute à la confusion…
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Les représentants des associations seront présentes en observateurs à la conférence, qui réunit 48 pays (ou groupes de pays) pêcheurs du 17 au 27 novembre à Paris. Cette réunion ne sera, en revanche, pas ouverte aux journalistes. « La transparence est toujours un enjeu ! », a conclu Rémi Parmentier.
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