Cet article a été publié dans Reporters, nouveau quotidien algérien.
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par M’hamed Rebah
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L’Association écologique de Boumerdès (AEB) est engagée dans un projet de réhabilitation d’un écosystème dunaire côtier à Corso, une commune à quelque 50 km à l’est d’Alger, entre Boumerdès et Boudouaou el Bahri. Ce sont 2 hectares environ qu’il faut sauver d’une menace de dégradation irréversible. Une chance : la dune, qui se présente sous la forme d’une falaise marine d’une vingtaine de mètres de hauteur, se trouve dans un périmètre protégé par la loi algérienne sur le littoral.
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Les riverains du site se souviennent qu’il était boisé et les dunes, intactes avec une riche biodiversité floristique qui donnait au lieu, surplombant une longue plage, un aspect sauvage mais accueillant. Aujourd’hui, le site est dégradé, transformé, par endroits, en décharge de restes de construction ou de débris de démolition. Des crevasses en haut de la falaise, montrent les dégâts causés par les pilleurs de sable. Les ravines creusées dans la falaise par l’enlèvement du sable facilitent le ruissellement des eaux de pluies et approfondissent davantage le fossé, entraînant des glissements de terrain. A côté ,ce sont des tas de déchets, ménagers, industriels et inertes (gravats, jetés par les auto-constructeurs) éparpillés en plusieurs endroits, confirmant l’état d’abandon dans lequel le site a été laissé pendant longtemps.
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Les membres de l’AEB ont décidé de remédier aux multiples dommages causés au site pour rendre à cet écosystème dunaire côtier, vulnérable, toute sa splendeur et en faire un espace dédié à l’écologie et à l’éducation environnementale.
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L’AEB se propose de réhabiliter le site naturel en renforçant le couvert végétal menacé, par des reboisements annuels et fréquents et des travaux d’aménagement, de protection et de salubrité. Inscrit dans le programme d’actions « Protection de l’écosystème dunaire côtier, préservation de la diversité biologique et opération de repeuplement d’espèces menacées », ce projet se veut pilote et exemplaire pour toute la wilaya de Boumerdès et d’autres sites similaires aux échelons national et régional qui subissent des pressions urbaines et économiques intenses, expliquent ses promoteurs, membres de l’AEB.
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La première tâche sera de faire un état des lieux (en particulier : inventaire de la biodiversité et recensement des espèces menacées), pour proposer une démarche intégrée de préservation de la biodiversité et de réhabilitation de l’écosystème et du site. Mais d’ores et déjà, lors d’une visite effectuée ce samedi, les premières observations ont permis de faire un certain nombre de constats : destruction du couvert végétal, piétinement de la dune, enlèvement du sable, dépôt de déchets – déchets inertes, déchets de produits chimiques, emballages plastiques et autres ordures ménagères, parfois calcinés – action érosive éolienne, pluviale et marine. La tâche n’est pas facile. Il faut nettoyer d’abord, voir ce qu’il y a dans les déchets et définir un mode d’élimination en essayant de valoriser ce qui peut l’être ; ensuite, pour fixer les dunes, le reboisement doit être étudié ; enfin, quel aménagement envisager pour restituer le site aux riverains et à la population ?
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Naturellement, rien ne peut se faire sans la participation des riverains, d’où la priorité accordée à l’action d’information et de sensibilisation sur les avantages que leur procure la protection de la dune contre les agressions, qu’elles soient naturelles ou qu’elles résultent des activités humaines.
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