La Conférence environnementale des 14-15 septembre 2012 est mal partie*.
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par Michel Sourrouille
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Deux jours seulement pour aborder les questions complexes de la biodiversité, de la transition énergétique, c’est déjà acter le fait que les socialistes au pouvoir n’ont aucune sensibilité écologique. Quand, juste avant la première réunion préparatoire avec les ONG (mercredi 29 août 2012), la ministre de l’Ecologie Delphine Batho se positionne pour l’aéroport Notre-Dame-des-Landes (le joujou d’Ayrault) et pour « le nucléaire, filière d’avenir » (phrase culte de Montebourg), cela ne présage rien de bon. Quand on accepte de rajouter, au dernier moment et sous réserve d’arbitrage (!), le nucléaire et les gaz de schiste aux discussions prévues, cela préfigure l’impasse.
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La suite paraît déjà claire. Quand la patronne des patrons veut « donner une chance à l’innovation technologique », c’est-à-dire à l’exploitation des gaz de schiste, on va sans doute voir un socialisme aux ordres du Medef. Quand le PDG de Total réclame du « courage » sur le gaz de schiste (« ne pas se donner la possibilité de développer du gaz c’est dommage »), on va sans doute voir un socialisme aux ordres des intérêts pétroliers. N’oublions pas que Nicole Bricq, ministre PS de l’Ecologie, a été virée par le Premier ministre socialiste Ayrault pour avoir voulu suspendre des forages au large de la Guyane. De toute façon, les lobbies du nucléaire campent depuis plusieurs années sur le palier des parlementaires socialistes. La commission nationale de l’environnement du PS est une annexe du CEA. Et le candidat Hollande n’avait qu’une vision de l’offre d’énergie, aucune pensée pour la sobriété énergétique.
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FNE (France Nature Environnement) s’inquiète aujourd’hui de l’absence d’objectifs précis à quinze jours des débats. L’inconnue demeure également le nombre et l’identité des participants, ainsi que le périmètre des tables rondes. FNE souhaite que des questions agricoles comme les pesticides ou l’irrigation ne soient pas mis sous le tapis. Or la récente déclaration du ministre de l’Agriculture remettant en cause l’objectif de réduction de 50 % de l’usage des pesticides d’ici à 2018, résultant pourtant d’un consensus dans le cadre du Grenelle de l’Environnement, inquiète. Etc.
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WWF (World Wildlife Fund, fonds mondial pour la nature) constate que la méthode proposée est calquée sur celle de la conférence sociale et non sur celui du Grenelle. Trop court. Alors que, lors du Grenelle en 2007, un représentant des ONG était accompagné de deux experts, le gouvernement propose aujourd’hui un seul représentant par association. Insuffisant. La filière d’avenir, c’est l’intelligence collective, pas le nucléaire.
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* Le Monde du 31 août 2012, L’avertissement au gouvernement des ONG écologistes.
Michel Sourrouille anime le blog Biosphère.
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