Et si tout d’un coup la planète disjonctait ? Et si, dans les affres d’une canicule extrême, un trader friqué, qui-a-tout-pour-être-heureux, se retrouvait sans électricité, sans internet ? Et bien vite sans eau potable, sans nourriture ? Obligé, comme des milliers de Parisiens, de fuir la capitale… à vélo, avec épouse et fils, et de trouver refuge dans une ferme (en fait, l’une des nombreuses exploitations sur lesquelles il avait spéculé pour son profit). Où l’accueil, lui, sera glacial : les paysans n’ont pas plus d’électricité, et doivent se protéger des intrus affamés qui viennent leur voler leurs vaches, on a connu plus drôle…
par Maryvonne Ollivry
C’est sur ce tableau noir et dystopique que Nicolas Vanier a troussé une comédie au casting vitaminé (Michaël Youn, Valérie Bonneton, Eric Elmosnino, Barbara Schulz, Yannick Noah). Parce qu’il vaut mieux rire du pire, avant qu’il ne vous tue à petit feu. Et, oui, on rit. Jaune. C’est le monde à l’envers raconte un monde où l’argent, devenu une ligne électronique sur un ordinateur, n’a plus de valeur. Où celui qui croyait tout avoir à portée de clic est pauvre comme Job. Où, pour survivre dans un monde où les comptes en banque n’ont plus aucune utilité, il faut en revenir au savoir-faire de nos grands-parents paysans, que nous avons tous oublié, et à la solidarité entre les uns et les autres. La vraie, pas celle d’un « like » sur un réseau social.
Sûr que le voisin, baba, avec ses petits panneaux photovoltaïques, sa sobriété heureuse, interprété par Yannick Noah, ressent moins fort la catastrophe. Et nous, comment la ressentirions-nous ? Comment ferions-nous ? Le film, écrit avec son complice Jérôme Tonnerre, vise juste en évitant tout prêchi-prêcha idéologique. Vanier, l’homme des chiens de traîneaux, ne nous entraîne pas là dans une de ses expéditions lointaines mais sur sa terre solognote où, avec de l’ingéniosité et de l’huile de coude, tout serait encore possible si le pire survient. Et de prévenir dans le dossier de presse : « Si on continue comme ça, le monde dans lequel on vit ne peut perdurer. Il suffit de lire la conclusion du dernier rapport du GIEC. On consomme en huit mois ce que la Terre produit en douze. C’est mathématique. Si nous ne changeons pas de cap, il n’y aura plus de forêt pour fabriquer du bois, plus de poisson à pêcher. Le système craquera. Sous quelle forme, nul ne le sait. » A bon entendeur…
C’est le Monde à l’envers, de Nicolas Vanier, avec Michaël Youn, Valérie Bonneton, Eric Elmosnino, François Berléand, Barbara Schulz, Yannick Noah. En salles le 16 octobre 2024.