Une nouvelle adhérente des JNE, professeure de droit international, nous livre sa réaction à l’emprisonnement de Paul Watson, défenseur historique des cétacés et des océans, menacé d’extradition vers le Japon.
par Emmanuelle Tourme-Jouannet
Dimanche 21 juillet, les forces de l’ordre danoises ont arrêté Paul Watson, fondateur de Sea Shepherd et l’un des plus grands militants et défenseurs des océans et des grands cétacés (espèces protégées au regard du droit international). La raison : une notice rouge de l’organisation Interpol, un mandat d’arrêt international émis à la demande du Japon il y a douze ans en raison de ses activités anti-chasse à la baleine en Antarctique qui auraient causé des dommages et blessures en 2010. Des faits non établis avec, de surcroît, le principal accusateur qui s’est rétracté depuis.
Sur le réseau social X, Sea Shepherd France souligne que les actions de Paul Watson et de l’organisation ont permis « de soustraire aux harpons explosifs japonais plus de 5 000 baleines, causant des millions de dollars de pertes au gouvernement japonais ».
La chasse commerciale à la baleine est illégale depuis le moratoire international de 1986. Seuls trois pays continuent de la pratiquer : la Norvège, l’Islande et le Japon, exploitant notamment la dérogation prévue à des fins scientifiques, dans le cadre de projets controversés. En 2014, la Cour internationale de justice a conclu dans une décision que « les permis spéciaux accordés par le Japon pour la mise à mort, la capture et le traitement des baleines (…) n’étaient pas destinés à des fins de recherche scientifique ». Mais le Japon a dénoncé l’arrêt de la CIJ et ne s’y est pas conformé, invoquant une tradition ancestrale.
En décembre 2018, le Japon a annoncé son retrait de la Commission baleinière internationale (CBI), sans cacher ses intentions de reprendre la chasse commerciale de manière officielle.
La Fondation Paul Watson questionne le « timing entre l’arrestation et le lancement du nouveau navire-usine japonais » et soupçonne le Japon d’avoir l’intention de reprendre la chasse à la baleine en haute mer dans l’océan Austral et le Pacifique Nord d’ici à 2025.
Autrement dit, la réactivation de la notice rouge contre le capitaine Watson est motivée par des raisons politiques et une fois de plus le monde marche à l’envers : on s’en prend aux défenseurs de la nature qui luttent pour éviter la catastrophe et non pas, ici, à un Etat qui viole impunément le droit international pour des motifs économiques. Or, si l’homme de 73 ans est extradé par le Danemark vers le Japon, il risque de finir ses jours en cellule.
Pétition à signer pour la libération de Paul Watson (c’est ici).
Photo : Paul Watson © Sea Shepherd France